Si je devais un jour me suicider, plutôt que de « mourir pour rien », je choisirais de mourir en défendant des gens dont la liberté et l’existence sont menacées et qui se trouveraient dans une situation désespérée…

 Et si par miracle je ne mourais point et que de surcroît les gens que je défendrais seraient sauvés ; et si je persistais dans ma résolution de suicide, alors je saisirais l’occasion d’une nouvelle situation pour défendre des gens…

Et si d’aventure en aventure, à chaque fois je ne mourais point et des gens seraient sauvés ; alors peut-être renoncerais-je à ma résolution de suicide dans la mesure où je commencerais à croire qu’en définitive, on ne meurt pas vraiment en défendant les gens.

Il ne resterait assurément, que le « suicide pour rien », c'est-à-dire le suicide parce que l’on fait le choix délibéré de mourir de sa propre main. Et dans ce suicide là, qui est de toute évidence le suicide le plus courant ; la seule forme de suicide qui ne soit pas « pour rien » est celle que l’on décide parce que l’on souffre trop et que l’existence nous est devenue insupportable.

 Se suicider par exemple, pour « montrer » aux gens (de sa famille ou de son environnement professionnel) qu’ils « ne nous ont pas compris »… Ou pour « laisser un message » au monde, à sa famille, aux gens qui nous ont maltraité, bafoué, mal aimé… C’est se suicider pour rien.

Le « message » en fait, n’est rien d’autre dans sa réalité nue, qu’une éclaboussure de sang sur un vêtement… Après l’éclaboussure, les « ah » et les « oh », les larmes, les questions sans réponse, les regrets… Et le « Grantenterrement général », la vie reprend ses droits, nos droits… Ces droits qui sont comme une « force gravitationnelle » à l’intérieur de notre « bulle »…