Comment meurt un Américain ou un Irakien sans couverture médicale ? S’il ne meurt pas de vieillesse ou, plus jeune, brutalement ?

 Sur les champs de bataille Européens du temps de Louis 14 ou de Napoléon, l’on versait de l’alcool par un entonnoir dans l’estomac d’un grand blessé, provoquant ainsi un coma éthylique, avant d’amputer le blessé d’un bras ou d’une jambe…

Un chirurgien de l’armée Française du 1er Empire lors de la bataille d’Essling, recherchait à Vienne chez un quincaillier, une scie « spéciale » pour couper des os aussi importants qu’un fémur ou un tibia…

Et de nos jours, n’y a-t-il pas des « hôpitaux » à ciel ouvert où l’on étend les blessés ou les malades à même le sol, où l’on pratique une « médecine » ou une « chirurgie » semblable à celle des champs de bataille Napoléoniens ?

Plus de cinq milliards d’humains n’ont pas de « couverture médicale ». Comment mourront-ils s’ils ne meurent pas de vieillesse ni brutalement ; c'est-à-dire de maladies ou de cancers, si ce n’est que là où ils gisent, dans la rue, au fond d’une cabane ou dans ce qui ressemble à des hôpitaux mais n’en ont que le nom ? Les étouffera-t-on de quelque chiffon pour abréger leur souffrance, leur versera-t-on de l’alcool avec un entonnoir afin de les plonger dans un coma éthylique précédant la mort ?

 Les humains qui eux, bénéficient d’une « couverture médicale », dans nos hôpitaux équipés en soins palliatifs, meurent sous oxygène, branchés à des poches de sérum nourricier, et maintenus en une vie précaire, dans une conscience atrophiée et nébuleuse, parfois même dans une vie végétative…

 Chaque jour « gagné sur la mort » est, dans une certaine mesure, pour les médecins, une sorte de « victoire »… Mais à quel prix !

 Puisque la vie est un combat jusqu’au dernier jour de l’existence, je comprends que l’on puisse donner à un être humain, la possibilité par les traitements de la science médicale, de lutter jusqu’au bout, même dans une situation désespérée.

Mais il est une autre réalité : Une réalité que l’on n’évoque pas, par pudeur, par hypocrisie… Ou parce que si l’on en parlait comme on parle des profits boursiers, ce serait plus scandaleux, plus inacceptable encore, qu’un licenciement de dix mille salariés, aux yeux des gens que nous sommes. Et cette réalité là, c’est bien celle qu’en terme d’argent, de profit, une journée de plus rapporte aux géants de l’industrie médicale et pharmaceutique.

Lorsqu’une personne qui nous est chère disparaît, le seul fait de sa disparition est pour nous un grand chagrin. Lors d’une disparition accidentelle, rapide et donc brutale, le chagrin est aussi grand (ou pas moins intense si l’on veut) que lors d’une disparition « lente »…

 La mort est la mort, quelle qu’elle soit, et de quelle manière elle survient. Lorsqu’elle est rapide, et donc brutale, il y a en moins… Ces journées qui n’en finissent pas et qui se succèdent au goutte à goutte… Ces journées durant lesquelles la vie qui fut, n’est déjà plus que du souvenir… Alors qu’elle est encore.