« Le judéo chrétien ne peut être qu’un homme de prohibitions sexuelles et d’inquisition », écrit Ishtar d’Alexandrie…

C’est bien cela, oui ! Et ce qu’il y a de paradoxal, de l’autre côté si je puis dire, de cette inclination « formatée » aux normes « bienséantes » qui consiste à exclure du débat public, de l’expression écrite ou imagée, et même de la vie quotidienne en famille, entre amis, certains gestes et comportements où le corps (autant celui de la femme que celui de l’homme) se manifeste… Ce sont ces pulsions, ces émotions, ces rêves, cette « face cachée » de soi, que l’on a bel et bien, et contre lesquels on prétend « lutter »… Avec une souveraine hypocrisie, comme si l’on souhaitait à tout prix se définir « meilleur que les autres et au-delà de tout soupçon »…

Et « l’inquisition » consiste, par une habile expertise, par une « reconnaissance affichée » de la sensibilité de son prochain, ainsi que par toutes sortes de « pirouettes », de mots à double sens, et d’une « mise en confiance » trompeuse (et abusive sans en avoir l’air)… A déterrer la « bête » qui sommeille dans son terrier… Et lorsque la bête est « déterrée », on lui brise les reins, on la poursuit, on l’accule aux chiens et aux pieds des autres chasseurs, on lui sonne du cor aux oreilles, on en fait un jouet pour des enfants sages devenus polissons autorisés (mais tout cela c’est selon, au gré des modes, des humeurs et des violences du temps)…

Est-ce bien « Chrétien », tout cela ?

 Par chance, il y a la littérature, l’art, l’écriture… Et un « certain regard » en symbiose avec un ressenti très profond, par lesquels il devient possible d’oser dire, de se libérer, et peut-être alors… De toucher, d’émouvoir, de vraiment rencontrer l’Autre dans ce qu’il a d’intime et d’authentique en lui… Cela s’appellerait « aimer »…

Mais je sais bien aussi, pour l’avoir perçu parfois dans ma vie, qu’à un certain niveau de regard, et selon la nature même et la singularité d’un ressenti, que ce soit en des situations très difficiles et très sensibles, dont on peut être le témoin, que l’on peut soi même vivre… Il vient ce moment terrible, ce moment de désarroi, de doute… Où l’on se dit « le monde est le monde » (comme la banque est la banque, et les affaires sont les affaires)… Alors là, l’on sent bien qu’on est « en exil »… Et qu’il n’y a plus grand monde à tes côtés…