-Aliçon !

     -Oui, tata !

     -Au lieu de passer tes journées dans tes cartons à dessin, tu ferais mieux déjà, de venir m’aider à dépouiller le lapin…

…Tiens, tu prends un couteau, tu coupes là, au milieu dans la peau ; moi je tire la veste et toi, le pantalon…

      -T’as raison, tata ! J’arrive… De toute manière je finis par tourner en rond dans tous ces cartons…

     -Si au moins t’avais fait comme Ancelin qui lui, a eu son Bac et est allé aux Beaux Arts…

     -Et oui, tata ! J’ai préféré quitter l’école et aller à l’usine d’embouteillage. Il me fallait des sous !

     Lorsque le lapin fut dépouillé, Aliçon se rendit chez son copain Ancelin…

     -T’as vu mes derniers dessins ?

     -Pas mal ! Et t’en as d’autres ?

     -Tiens, regarde celui là !

     -C’est surréaliste… Mais ça peut se comprendre…

     -On va faire un marché ! Je te donne le quart de ma vie intérieure et de mon imagination, que l’on arrange selon ta sensibilité et ton regard ; et toi en échange, tu me donnes le quart de ta culture, de ton savoir faire, de ta technique et de tout ce que tu as appris aux Beaux Arts… A condition bien sûr que le quart de tout ce que tu as appris soit à la mesure du quart de ma vie intérieure… Je t’assure Ancelin, tu serais largement gagnant dans ce marché !

     -Tiens, tu as raison Aliçon ! A nous deux, on pourrait peut-être monter une galerie ! Mais la meilleure affaire dans ce marché, c’est encore toi qui la ferait…