La meilleure chose qu’il puisse arriver à un être humain « pas tout à fait comme les autres » (dans le « bon » sens) c’est de n’être vraiment découvert (et reconnu) que très longtemps après sa disparition…

 Rares sont ou ont été, les êtres humains qui, de leur vivant même, connurent succès et notoriété, puis, après leur mort, sont ou seront tout aussi « célèbres ». L’on peut par exemple, de tels êtres, en citer trois parmi les plus universellement connus : Léonard de Vinci, Victor Hugo et Einstein.

 Des millions d’écoliers sur cette planète, et des moins « doués » d’entre eux, peuvent en effet citer Léonard de Vinci, Victor Hugo et Einstein… Quoi que j’émette quelque doute sur tel ou tel garçon de 15 ans d’une bourgade du Middle Ouest Américain, complètement illettré, ne sachant pas que la Terre est ronde, assis sur le rebord d’une plate forme surmontée d’une citerne sur ses quatre barres, passant des heures avec à ses pieds une caisse de bières, fumant des joints ou des cigarettes, confondant le croupion d’une femme avec une orange pourrie fendue, et n’ayant comme on dit qu’une « bite à la place du cerveau »…

 Mais même en un tel cas aussi extrême, ce garçon là, s’il se trouvait un jour en face d’un être humain « pas tout à fait comme les autres », qui sache lui parler et éveiller en lui quelque chose pouvant transformer radicalement sa vie, peut-être ce garçon là deviendrait-il un jour lui aussi, un être « pas tout à fait comme les autres »…

Aussi importants et durables que soient l’inculture, l’ignorance et le conditionnement environnemental d’un être en particulier ; aussi grands soient le succès et la notoriété, le savoir et l’intelligence d’un autre être de cette planète ; aucun destin n’est à l’avance scellé ou prédéterminé pour l’éternité.

Mais c’est bien la durée, au travers d’un grand nombre de générations, la durée d’un succès ou d’une notoriété, et le souvenir qu’il demeure d’un être « pas tout à fait comme les autres », qui fait la différence… Et cela d’autant plus que, du vivant de cet être, et du vivant des 2 ou 3 générations qui suivent sa disparition, il ne « s’est rien passé » de déterminant qui ait pu faire de cet être un être « pas tout à fait comme les autres »…

Il n’est plus piètre succès, plus illusoire notoriété, que le succès ou la notoriété n’ayant existé que du temps de la durée d’une vie humaine. Et il serait désespérant, absurde même, pour les mortels que nous sommes tous, y compris pour les plus incroyants d’entre nous, de penser que la vie n’existe que de notre vivant.

Je veux qu’en l’an 3000, en l’an 10000… Ou dans un million d’années, il y ait encore des êtres humains sur la Terre. Ces êtres seront ce qu’ils seront, dans la civilisation qui sera la leur à ce moment là, mais je veux qu’ils existent, qu’ils aillent dans les étoiles s’ils le peuvent, et que d’une manière ou d’une autre, il y ait aussi un lien entre leur vie à eux et la vie de toutes les générations d’êtres qui les auront précédés… Si différents puissent-ils être…