Ton amour a perdu ses couleurs, ton ennemour a tissé sa toile entre des jours blêmes… Insoumis, tu avais tous ces cris, ces rires et ces mots que personne n’écoutait… Que deviendras-tu, toi dont la jeunesse et la générosité souhaitaient changer le monde, toi qui aujourd’hui investit dans le confort des certitudes, embâté et soumis ?




Lorsqu’on me plait, l’on a toute ma faveur. Lorsqu’on me déplait, l’on subit les foudres de ma défaveur. En ce sens, je ne diffère guère du commun des mortels sur cette planète… Mais lorsque je pardonne et que j’aime sans savoir ni pourquoi ni comment, je suis un exilé… Ou un extraterrestre chez les enfants de la Terre.

L’instant vécu n’a pas les mots pour le vivre… Il est vécu sans les mots. Les mots existent mais ils ne sont pas encore nés… C’est le souvenir qui va faire pousser les mots. Mais l’instant vécu ne revient pas. Les mots qui ont poussé l’ont virtualisé dans un espace déconnecté du présent, déraciné de son passé et privé d’avenir…

Dans la perception que j’ai, du renouvellement de certains évènements ou rencontres, et en particulier des jours heureux, il n’y a jamais de « dernière fois »… Ce serait, comme dans la chanson de Jeanne Mas, « première fois, toute première fois ».

J’envisage un autre type de reconnaissance qui n’est pas la reconnaissance dont tout un chacun rêve… En particulier cette reconnaissance que recherchent les gens qui écrivent… Cette reconnaissance là est tout simplement celle de l’esprit et du cœur qui m’accueille dans les ports où je me sens bien et en lesquels il me plait tant de mouiller, entre quelques virées pirates…

Le regard que vous porteriez en vous et que vous communiqueriez en me lisant, quel qu’il soit d’ailleurs, me semble bien plus important que le regard que je porte en moi… Il insuffle bien plus ma « vie intérieure » que tout ce que je peux exprimer, par écrit ou de vive voix…

Est-ce si important que cela, d’être compris ? Oui !... Dans un certain sens : celui où tu t’es retrouvé, toi, en particulier… Mais dans un autre sens, celui des pharisiens et des faiseurs de célébrité, cela n’a pas d’importance.

Il faut à une pensée, non seulement un contenu, une force, une beauté, mais encore une écriture qui lui est propre et qui lui ressemble au plus vrai… Cela suffit-il cependant ? Sa crédibilité n’est-elle pas en jeu, à chaque instant de la vie de celui qui la porte en lui ?

Après le siècle des lumières, et deux siècles de croissance économique, industrielle et démographique, le siècle qui vient sera-t-il celui qui « serait spirituel ou ne serait point » ? Ne sera-t-il en réalité… tragiquement plus, après avoir commencé d’être ?

En un tel essaim de bourdonnements, trilles et roulades fusent de toute part, se démarquant peu ou prou dans une compétition bruissante d’abeilles ivres de nectar doré… A tel point qu’en cette vibration universelle, l’on n’y peut ouïr aucune de ces « grillonnades » à nulle autre pareille !

Les écrits les plus sincères et les plus désintéressés sont ceux que l’on lit dans les livres d’or des lieux de recueillement : ces écrits là ne « postulent » pas.

Ces vaches peintes ne sont ni de race ni référencées : elles n’iront pas au paradis… Ce paradis où tout le monde veut aller, où l’on s’emmerde à ne plus savoir quoi faire de son fric, de sa gueule, de ses succès… avec ses « vaches pas peintes » mais charpentées comme des cathédrales ou lourdes de viande molle. Ces vaches peintes n’iront pas cependant, en enfer… Cet enfer qu’on dit être celui des Eliminés et des « fous du village », où les Elus ne vont pas, évidemment… Il y a un autre paradis que celui où tout le monde veut aller : c’est un drôle de château, sans châtelain et sans ascenseurs, sans bals masqués ni visages caramélisés… Il y a un autre enfer que celui auquel on nous fait croire : c’est un drôle de procès, sans juges, sans couloirs, sans verdict et sans prison… Mais d’une désespérante éternité, d’un abîme de solitude dans son déroulement… Nous avons cru qu’au « Château », c’était le paradis… Et que le « Procès » nous ouvrait les portes de l’enfer… Et que les vaches ne devaient pas être peintes… Mais le monde un jour changera : les vaches seront bleues… ou d’une couleur que nous ne savons pas encore…

Les émotions absolues sont indissociables d’une sérénité absolue… C’est la raison pour laquelle elles doivent être exprimées, mais en même temps, maîtrisées… Une émotion, aussi belle, aussi intense, aussi vraie soit-elle, et qui n’a pas la sérénité qui lui est nécessaire, a forcément ses « effets secondaires »… L’un de ces « effets secondaires » est la fragilité, cette fragilité qui nous dessert et nous décrédibilise… N’oublions pas que le monde est dur, que les jugements sont implacables, et que la plupart des êtres… humains… sont bien plus « à l’affût », que la main tendue ; que les visages sont souvent « caramélisés » ; les sourires, « doucement carnassiers » ; et les regards faussement complaisants… Mais les émotions absolues indissociables d’une sérénité absolue, exprimées et, si possible partagées, ont le pouvoir absolu… sans absolutisme…

Je ne me fais pas beaucoup de souci pour des êtres tels que nous qui ne sont pas des êtres « tombés »… Nous avons notre orgueil, notre intelligence du monde, et ce culte de nos apparences…Alors, nous nous en sortirons toujours. Mais les êtres « tombés », ces êtres de la chute, eux, ne s’en sortiront jamais… Ils n’ont plus ce que nous avons, nous. Et s’il est une main à tendre en premier lieu, pour une traversée déjà si peu confortable, du fait de la chute, c’est bien à ces êtres là qu’il faut la tendre, cette main que nous avons encore, nous, les êtres debout et fiers.

L’une des définitions que je donne à la mansuétude, et sans doute la plus importante à mon sens, est assurément celle-ci : « C’est le souvenir vivant de ce qui fut, avant la chute : ce qui nous a émerveillé, interpellé, de cet autre aujourd’hui à terre, oublié ou condamné par les hommes. Ce qui fut jadis ou même hier encore, a réellement été, et la chute ne l’a pas effacé. Mais les hommes généralement, ne voient que cette « naine noire » accrochée dans le ciel, comme si elle y était depuis toujours… Ils ne savent plus que la « naine » était autrefois un soleil.

Il est de ces chances que l’on n’a jamais eues et que l’on n’aura jamais… De ces chances que d’autres ont… Il est de ces vœux qui nous sont chers et qui ne seront jamais exhaussés… Il est de ces rêves après lesquels on passe sa vie entière à courir… Ainsi va le monde, ainsi en est-il de la vie que nous vivons… Mais cette vie là, nous la vivons aussi avec ce que nous avons en nous et que les autres n’ont pas. C’est peut-être cela, la vraie chance…Lorsque ce que nous avons en nous et que les autres n’ont pas ne nous a pas enfermé cependant…



Dans le formel, il y a du formol. Mais dans le formol, les formés sont tous formolés. Dans l’informel, il y a de l’infoiriel. Mais dans l’infoiriel, les enfoirés sont tous défoirés.

Dieue fit l’humain à son image : elle créa la Femme, d’une lumière d’étoile dont elle fit un ravissant visage et d’un agglomérat de poussière stellaire dont elle fit une silhouette tout aussi ravissante… Puis Dieue rechercha l’homme dans le regard de la Femme, le trouva, et le présenta à la Femme. La Femme vit que cela était bon et remercia Dieue. La Genèse selon Yugcib

Le cynisme confinant à la chasteté, selon Gustave Flaubert… Je pense à deux pots de terre qui se ressemblent, vides et sans trou au fond, qui n’auront jamais de fleurs ni de terre à l’intérieur. Et ces pots de terre vides trônent, s’imposant aux regards, sur le rebord d’une fenêtre : ils n’émeuvent personne et l’on passe sans les voir… Cependant, en celui de ces deux pots vides, le cynique, on arriverait encore à y faire pousser de la littérature… Dans l’autre, le chaste, rien n’y peut venir, et si la littérature s’essayait à y venir, elle ne parviendra pas à faire ces petits fils verts même dans le plus doux des printemps…

Vivre me fout autant la trique que la chiasse… Mais tout se passe dans l’âme… Et l’âme est chevillée aux tripes.

« La vérité est dans l’imaginaire » Eugène Ionesco … Je le crois, lorsque précisément, l’imaginaire n’est autre que la perception que j’ai d’une réalité invisible habituellement. Il m’arrive cependant d’interpréter cette réalité invisible selon la réalité de ce que je ressens… Alors je « transpose », je dimensionne, je « dessine » ce que je « vois »… Dans le « miroir », l’on n’aperçoit que l’image que ce « miroir » nous renvoie… Tout ce que l’on voit est comme dans un miroir. Il est vain… Et inutile, à mon sens, de casser le miroir ou de le voiler, ou de le colorier, ou de l’orienter : l’image est toujours la même. Il est de ces « imaginaires » qui n’ont pas de « réalité invisible » parce qu’ils ne sont d’aucune réalité… Et si l’on veut à tout prix donner à ces « imaginaires » une réalité, la vérité n’est plus dans l’imaginaire.