C’était par une pluvieuse après midi de la fin du mois de septembre en 2004, alors que j’effectuais pour le compte de la Poste de Saint Julien en Born (Landes) le ramassage du courrier dans les bureaux avoisinants… Alors que je traversais la commune de Lit et Mixe, je fus retardé par l’un de ces « Grantenterrements Général » qui mobilise une bonne partie de la population du village, d’autant plus si le Défunt est une personnalité importante (président d’association, ancien maire, ou autre « sommité »… En effet j’ai toujours remarqué, que lorsque les gens étaient « riches et connus », il y avait beaucoup de monde à leur enterrement…

Ce jour là, vu le nombre de véhicules garés le long de la rue principale, sur la place du village et dans les rues adjacentes, le Défunt devait vraiment être un « grand personnage ».

J’étais carrément bloqué, l’embouteillage était inextricable. Des gens bien habillés, de belles et jeunes dames en petits imperméables noirs et parapluies, et bien sûr, le fourgon mortuaire chargé de gerbes et de couronnes , tout cela aurait pu inspirer un artiste peintre célèbre, qui, en une toile « immortelle », aurait brossé cette scène de « Grantenterrement Général »…

J’étais donc bloqué, et, dans mon véhicule Postal je maudissais en de scélérates pensées, ce « temps perdu »… Cependant il me vint quelque réflexion. J’imaginais que ce Défunt, personnage important certes, avait une belle âme…

Une belle âme néanmoins, dans le tréfonds de laquelle notre Défunt aimait à se vautrer en secret… Un tréfonds à vrai dire, qui eût pu dénoter, être un peu « en porte à faux »… Dans cette belle âme…

Et j’en « crevais de régal », en ces longues minutes qui en définitive devinrent savoureuses, à l’idée de cette « foudre de bien être » qui vitrifierait l’âme envolée dans le ciel, du Défunt, au dessus du corbillard, et devenue comme cette « queue » gonflée de rêves inavoués à la vue de ce qui lui plaît, mais n’en ayant pas moins « une si belle âme »… pour autant que cette « queue » pût avoir de l’âme !

C’est ainsi que l’idée me vint, de cette « âme en transe dans la houppelande nuageuse », et de ces pesantes gouttes blanches dont je percevais le petit claquement, agréable à entendre, sur les jolis imperméables de ces dames et demoiselles en noir…