« La politique dans une œuvre littéraire, c’est un coup de pistolet au milieu d’un concert, quelque chose de grossier et auquel pourtant il n’est pas possible de refuser son attention… » Stendahl, La Chartreuse de Parme

Quatre jours sans télévision, sans radio, sans journaux et sans discussion ni message dans les forums du Web puisque sans ordinateur et sans internet… Puisque parti des Landes, de Tartas exactement, afin de rejoindre les Vosges à « petites étapes », je traversai le Quercy, l’Auvergne et la Bourgogne… Dans la « verte nature » de notre beau pays de France, éloigné des derniers évènements de l’actualité politique. Sur la route, et en camping, en effet, les préoccupations, les pensées et les regards ne sont plus tout à fait les mêmes que dans une vie sédentaire, en sa maison, en ses lieux et activités habituels…

C’est alors que vient un « autre regard », différent de celui que l’actualité, par la télévision, la presse, et il faut le dire, par notre émotivité et par notre sensibilité personnelle, nous fait avoir et nous incline à réagir… d’une manière ou d’une autre mais jamais, au grand jamais, d’une réflexion vraiment approfondie et réellement objective. D’ailleurs, soit dit en passant, une telle réflexion, si elle existe et si elle impulse en nous-mêmes une force créatrice, agissante et indépendante, un certain « apaisement »… Est-elle vraiment nécessaire ? Ne vient-elle pas plutôt en nous, comme l’eau vive d’un torrent de montagne, sans avoir été au préalable « approchée » dans la conscience même de son existence ? Sans avoir été, non plus, « escaladée » jusqu’à la source du torrent ?

Oui, faut-il vraiment rechercher de toutes ses forces, de tout son esprit, de tout son cœur, à tout prix, une telle réflexion, devenant ainsi plus passionnelle que naturelle, plus émotive que dimensionnée en l’image très nette et très pure d’une « vision » en nous ?

Il n’y a jamais, en toute polémique, en tout discours, en toute argumentation, en toute discussion, tout développement, tout commentaire ou toute analyse d’un quelconque évènement ou fait politique, sociétal ou économique… A mon sens, de réelle qualité littéraire, quand bien même la narration de ces faits divers et de ces évènements serait-elle faite dans la meilleure écriture et dans le meilleur style qui soit… Car ce qui fait, toujours à mon sens, la force, l’originalité et la qualité même de la littérature, en même temps que ce qu’elle impulse en nous d’énergie, de beauté, de créativité, d’émotion… et de ce regard libre comme l’eau vive d’un torrent… C’est la faculté qu’elle a, par sa « facture », la facture de l’auteur, de l’écrivain, du poète, du conteur, du romancier, de traduire par les mots ce qui émane des faits, des évènements, des personnages, d’en extraire « l’essence »… Certes, parce que l’on ne peut jamais demeurer indifférent à l’actualité politique, sociale, économique, et donc, refuser de s’y attentionner, l’on ne peut évidemment pas éluder la forme descriptive, représentative, commentée ou subjective de l’évènement. Mais cette forme ne doit être qu’une « toile de fond », un « décor », une « photographie », c'est-à-dire un ensemble qui lui, va contenir ce qu’il a d’essentiel : l’atmosphère, le regard, le ton, la force, l’impact… Et cela par un texte, un récit ou une œuvre en les quels on découvre bien, en soi, à la lecture, un esprit, une facture, une originalité, en un mot, un art…

Dans l’esprit de Stendahl, lorsqu’il évoque ce « coup de pistolet au milieu d’un concert », je dirais pour ma part : « Ce que nous écrivons tous, les uns et les autres, aujourd’hui, ressemble un peu à des tags plus ou moins artistiques ou à des dessins à main levée, dont certains d’entre eux sont d’une médiocrité et d’une banalité déconcertantes, que nous aurions tracés sous des tableaux de Cézanne, de Delacroix, de Magritte ou de Dali, au bas des murs d’un musée … Pardonnez moi tout de même la dureté de mon propos… Nous devrions plutôt construire de nouveaux musées, qui seraient aussi visités que les anciens je l’espère, et sur les murs des quels nous placerions nos œuvres, les vraies, celles qui ne sont ni ces tags ni ces dessins pour la frime »…

Dans la grotte du Pech-Merle près de Cabrerets en Quercy, vallée du Célé, j’ai pu voir ces dessins réalisés il y a 25640 ans (datation au carbone 14) par les hommes dits « de Cromagnon »… Et une œuvre, celle-ci de la nature : trois arbres reliés ensemble au niveau du sol au dessus de la grotte et dont la racine de l’un de ces arbres a emprunté un long « boyau » de plusieurs dizaines de mètres dans la pierre pour ressortir à l’intérieur même de la grotte et former comme une énorme stalactite végétale jusqu’au sol de la grotte.

Ce que ces hommes dessinèrent en ce temps là, ce que la nature produit, défiant l’imagination des hommes… C’est cela, l’œuvre éternelle… Une bien petite éternité, cependant, puisque quoi qu’il se passe sur notre planète, qu’il se soit déjà passé, que nous survivions ou non… Dans six milliards d’années, le soleil ayant brûlé la totalité de son hydrogène, se dilatera, deviendra une géante rouge et tout ce qui gravite autour de lui sera comme « avalé »…



NOTE : J’ai rédigé ce texte, ce mercredi 16 mai 2007 entre 10h et midi, alors que ma télévision était allumée et que se déroulait la cérémonie d’investiture du Président de la République Française… Cérémonie que j’ai d’ailleurs regardée (de loin en loin par maints aller/retours entre mon ordinateur et le poste de télévision)… J’ai pu voir, en particulier, Cécilia, la « désormais première dame de France », absolument magnifique et sans maquillage outrancier, drapée dans sa belle robe d’un blanc brillant, élégamment ceinturée, robe à mon avis spécialement taillée, confectionnée et coupée pour l’occasion… Elle avait, ce matin là, donc, ce mercredi 16 mai, notre Cécilia, un visage tout à fait ravissant… Aussi ravissant, aussi agréable, d’ailleurs, que celui de Rachida Dati interrogée par Claire Chazal… « tout sourire »…

Décidément, ces jolies « dames de droite » ont « un peu ému » un Yugcib « pirate de gauche »… Tiens ! Et si la politique, dans un émerveillement de féminité, ce n’était pas aussi, comme un « coup de pistolet »… dans un défilé de mode ?