Quand j’étais petit, je détestais les araignées…Que je rêvais sur mon oreiller s’avançant vers mon visage… Puis un jour, oh ce n’est pas venu d’un seul coup… Je les ai aimées. Et je les aime encore. Quand je passe entre deux haies rapprochées, et qu’il y a, au milieu, une toile d’araignée, je me baisse pour ne pas la déchirer.

… Mais mon rêve (mon cauchemar emblématique en fait) c’est celui de l’ascenseur qui n’arrête pas de descendre : premier sous sol, deuxième sous sol, septième sous sol, etc. Le mur, dans cette lente descente vertigineuse et angoissante noircit de plus en plus, la lumière dans la cage de l’ascenseur faiblit, et, au Nième sous sol, cela débouche sur des entrées de galeries s’ouvrant sur une nuit de cave où règne une chaleur humide, étouffante, et des odeurs de poubelles. Ou bien, ce qui n’est guère mieux, l’ascenseur n’arrête pas de monter, et au Nième étage, que l’on pourrait croire proche du ciel, cela débouche cette fois, en face d’un très long couloir blanc mais très crasseux, et, de part et d’autre du couloir, s’alignent des WC louches dont les portes battent, et de longues et inquiétantes ombres bougent derrière les portes…

Je n’ai jamais cependant, rêvé de l’ascenseur qui s’arrêterait et demeurerait bloqué au Nième sous sol ou au Nième étage et dont la porte ne s’ouvrirait pas… De toute manière, il y aurait forcément, je suppose, au Nième sous sol, une galerie sombre, chaude et fétide… Et, au Nième étage, un immense couloir blanc silencieux et désert…

En somme, il n’y a pas « d’étage miracle », le pire étant bien évidemment le dernier sous sol avec la porte de l’ascenseur s’ouvrant sur la galerie à la nuit de cave et aux odeurs de poubelles… Ou le dernier étage, sous la terrasse de l’immeuble dominant la ville à perte de vue, dans la lumière tremblante et vitriolée d’un ciel qui semblait avoir promis le rêve d’une vie, avec cette fois, de part et d’autre d’un long couloir blanc très crasseux, les WC louches et les ombres inquiétantes…