C’est foutu, et je vous le dis tout net…

J’ai suivi hier à 18h l’émission « C’est dans l’air » sur ARTE. Il n’y a aucun doute : Nicolas Sarkozy affiche « serein » et sera élu Président de la République, dimanche soir le 6 mai 2007 à 20h. Les commentaires et les analyses durant cette émission, ont été suffisamment éloquents, et de surcroît, d’un réalisme implacable… Je prévois même un écart assez important entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, de l’ordre de dix points (45/55).

Ainsi, cette légitimité que Nicolas Sarkozy a tant de fois évoquée durant sa campagne sera donc la sienne et celle de l’ensemble de ses partisans dévoués à sa cause, à son programme, ou ralliés à lui soit par intérêt, soit par conviction modérée…

Il n’en demeurera pas moins que cette légitimité ne sera que relative puisque, même avec 55% des suffrages exprimés sur son nom, ce chiffre de 55% ne représentera en réalité vraie que 55% de 80% (20% d’abstention) soit 44%.

Cela signifie donc, dans une France « coupée en deux », de soixante millions d’habitants, qu’il y aura d’une part entre 25 et 28 millions de gens tous âges et conditions confondus plus ou moins ralliés (mais tout de même ralliés) à un courant de sensibilité ou à une « vision » de la France, de la société, du monde… Et d’autre part entre 32 et 35 millions de gens tous âges et conditions confondus plus ou moins ralliés (mais cependant ralliés selon des sensibilités diverses) à un courant différent ou à une autre « vision »… J’ai écouté durant toute cette campagne, que ce soit celle du premier tour et peut-être avec encore plus d’acuité celle du second tour, de fort nombreux débats, forums de discussion, interviews d’hommes politiques, de « porte-parole », enfin toutes sortes d’intervenants, de journalistes, d’écrivains, d’intellectuels, sur France Culture, France Inter, RMC, Europe 1, Sud Radio, etc…

J’ai suivi depuis le mois de novembre 2006, presque toutes les grandes émissions de télévision sur différentes chaînes, dont certaines d’ailleurs étaient diffusées à des heures fort tardives ; suivi donc, tous les débats, tous les « direct » et tous les reportages les plus marquants de l’actualité…

En outre, mais dans une moindre mesure, j’ai consulté plusieurs forums sur internet et « survolé » des centaines de petites réflexions et commentaires d’internautes de tous « bords » et de toutes sensibilités… Globalement, par l’intérêt que j’ai porté à tout cela, je me suis, d’une certaine manière, senti relié, pratiquement chaque jour, à tous ces millions de gens, à la pensée, au ressenti, à l’émotion, à l’enthousiasme, à la conviction ou la désillusion de chacun de ces millions de gens… A tel point d’ailleurs que durant ces 6 derniers mois, je n’ai finalement par vraiment éprouvé moi-même le désir d’intervenir « massivement » par une profusion, par exemple, de textes, notes, commentaires ou réflexions purement personnelles… J’ai senti que mes compatriotes avaient « tellement et si diversement à exprimer » et cela en un tel « océan » ou en une telle immensité de propos, que je ne voyais guère ce que moi, en particulier, je pouvais ajouter à tout cela…

Au terme de cette période qui va, en gros, de novembre 2006 à mai 2007, je me sens « lessivé » ou abattu, si je puis dire, ou même « vidé de mon sang »… D’autant plus que la perspective qui s’ouvre dès dimanche soir à 20 h précises me fait « froid dans le dos »…

Certes je n’attendais pas de Ségolène Royal, loin s’en faut, qu’elle « change le monde » ! Mais, dans ce « secret de mon cœur » que je n’ai pu garder, au fond de moi, je souhaitais que ce soit cette femme là, l’élue ! Je vais avoir l’impression, dimanche soir, qu’une « page sera pour longtemps fermée », je vais me sentir tout petit, avec en moi comme un immense chagrin d’enfant, sans souffle et sans voix… Et comme écrasé par cette condescendance, ce mépris, cette suffisance, ce triomphalisme de beaucoup de mes compatriotes, je vais sentir à quel point ma « pensée » si j’ose dire, n’est pas « dans l’air du temps »… Et sentir en même temps, au fond de moi, cette farouche détermination à demeurer ce que je suis « du fond de mes tripes », envers et contre tout…

Je vais baisser les yeux, cette fois, parce que je n’en peux plus !

Comment, dans cette « France coupée en deux », avec ce triomphalisme condescendant qui déjà se lève, au beau milieu de tous ces « règlements de compte » qui ont sans doute déjà commencé, dans les violences de demain qui exploseront, envisager qu’un « rassemblement » soit possible ?

Ce triomphalisme ambiant si je puis dire, est aussi celui des égoïsmes, des individualismes forcenés, des marginalités reprises à bon compte, des puissances médiatiques et financières, de la loi du plus fort, d’une certaine indifférence à la profonde misère du monde… Et à l’avenir de notre planète…

Lundi matin, le 7 mai, je serai très certainement muet sur tous les forums… Je vous invite cependant à consulter cette vidéo :

http://www.dailymotion.com/machoolala/video/x1sxw_la-france-dapres/ http://www.dailymotion.com/machoolala/video/x1u8aq_la-france-dapres-2/