Je dis aussi que c’est la fin d’un monde parce qu’une part de plus en plus grande de tout ce qui prévalait encore jusqu’à nos jours, va désormais disparaître très rapidement au profit de nouvelles croyances qui n’auront plus rien à voir avec ce qui donnait du sens à notre vie.

Déjà les fondements et les architectures de ces nouvelles croyances nous inclinent à ne plus penser, à ne plus réfléchir, à nous soumettre dans l’indifférence, à accepter « qu’il en soit ainsi » et que l’on « ne peut rien y changer ».

Voici banalisé, décrédibilisé, désacralisé et même vilipendé ce « sens de notre vie » qui jusqu’alors était, mais n’avait pas fondamentalement évolué en dépit des grandes mutations économiques, sociales, technologiques de la fin du 20ème siècle et du début du 21ème.

Il y a en France, lors de cette élection présidentielle de 2007, le signe ou les signes « avant-coureurs » d’une mutation de grande envergure dépassant de loin les seuls enjeux économiques et sociaux. Il y aura de « nouveaux gagnants » et de « nouveaux perdants », dans les mouvements les plus divers et les plus complexes d’une telle mutation.

De même que les premières civilisations de l’histoire humaine qui s’étaient construites sur l’agriculture, l’industrialisation, la sédentarisation, la propriété du sol, la famille, la communauté urbaine, l’artisanat, le commerce, et d’une manière générale sur toutes les valeurs et tous les repères fondamentaux (culturels, religieux, moraux…) qui ont prévalu jusqu’à nos jours ; de même donc, que ces premières civilisations « néolithiques » ont succédé à celles, quasiment nomades et informelles du paléolithique ; de même l’on peut dire en ce début de 3ème millénaire, que la civilisation actuelle, héritée du néolithique, des premières sociétés organisées ( Croissant fertile moyen Orient, Egypte, Chine ancienne, Grecs, Romains, Etrusques, Celtes, peuples des Balkans, Europe continentale, Incas en Amérique, etc) , est en voie de disparition au profit d’une autre civilisation.

Et cette nouvelle civilisation est, selon le terme que j’emploie pour la désigner, « humanusculaire ». C'est-à-dire déshumanisée, sans attachement au sens de son existence, sans projection vers l’avenir ni même son propre avenir.

C’est une civilisation de l’immédiateté, une civilisation du besoin le plus pressé, une civilisation qui n’est même plus « amorale » ou « immorale »… En somme, une civilisation « bio-mécanique » dont les éléments ne sont plus des personnes physiques mais des « entités » entièrement conditionnées par d’autres « entités » ayant pris le pouvoir, et qui sont sans cesse mis en concurrence les uns les autres dans un inextricable enchevêtrement de réseaux planétaires aux ramifications de plus en plus nombreuses et inidentifiables.

Ces futurs gagnants seront ceux qui, eux, en bons humains prédateurs qu’ils ne manqueront pas d’être, auront généralisé et renforcé le processus contribuant à « humanusculiser » les autres milliards d’humains de cette planète.

Les nouveaux perdants seront ceux qui, demeurés trop forts (ou trop enracinés) dans leurs convictions, leurs idéologies et leurs visions du monde dans un esprit de compromission et de collaboration, seront en définitive balayés dans les mouvements d’une mutation de civilisation qu’ils avaient certes vu venir mais ont cru pouvoir s’y adapter.

Les nouvelles croyances seront en fait des « credos » entièrement formatés, structurés et organisés en gigantesques « machineries » génératrices de mouvements pulsés sur un même rythme.

Si j’avais un message à envoyer dans KEO, ce satellite témoin et mémoire de notre civilisation, qui reviendrait sur la Terre dans 50000 ans ; et qui pourrait être intercepté entre temps par des êtres « intelligents » venus d’une lointaine galaxie, voici ce que j’écrirais dans ma « bouteille au cosmos » : « S’il vous plaît, sauvez nous, nous les humains de la Terre ! Sauvez nous de la civilisation des Humanuscules ! Mais ne nous sauvez pas comme ont prétendu vouloir nous sauver, nos prophètes, nos « sages », nos « visionnaires », nos hommes de science ou de politique, nos rois, nos princes, nos présidents, nos héros, nos chefs de guerre, nos révolutionnaires… Sauvez nous en partageant avec nous votre intelligence, vos pouvoirs et votre connaissance. Apprenez nous à partager et à transmettre ». Est-il encore temps de barrer la route aux gagneurs prédateurs, d’empêcher les nouveaux perdants d’ouvrir un boulevard aux futurs gagnants et de dire NON aux nouvelles croyances ?

Je sais que notre civilisation doit nécessairement (c’est son destin) évoluer, et donc, dépasser le modèle hérité du néolithique…J’ose croire que l’ »Humanusculaire » n’est qu’un « palier transitoire ».