24 Juin 2003 L’indifférence

L’indifférence n’est-elle pas la pire de toutes les censures ? Ne vaut-il pas mieux, même si cela fait très mal, un grand coup de pied dans le derrière contre ce que l’on dit, plutôt que de voir couler autour de soi tous ces regards éteints ou silencieux ?

Plus que la critique sévère de ceux qui combattent nos écrits ou nos propos, nos initiatives ou nos aspirations, plus même que ces regards condescendants ou opportunément complices d’une marginalité de façade laissant courir des mots que personne ne retiendra mais qui seront malgré tout semés, l’indifférence « bétonne » toute ouverture sur un « autre monde possible ». Toute censure devient alors inutile, la diversité des opinions et des sensibilités se diluant dans une brume parcourue de luminescences mais plus stérile encore qu’un désert…

Si l’indifférence est la pire de toutes les censures, elle est aussi la mère de toutes les pollutions. Marées noires, gaz à effet de serre, manipulations génétiques, pauvreté dans le monde, disparition d’espèces animales, guerres, tout cela est devenu si habituel que les gens finalement, ne réagissent plus que dans le temps immédiat de l’événement. Et ce ne sont ni les « G8 », ni les sommets, ni même les manifestations de quelques groupes engagés, hélas trop minoritaires, qui vont ralentir et encore moins stopper cette marche inexorable vers le déclin de notre civilisation.

Alors, contre la pire de toutes les censures, et contre la mère de toutes les pollutions, je propose de donner un sens à notre regard, de ne plus se taire par peur de recevoir des coups, de rejoindre ceux qui déjà se battent pour « un autre monde possible », et de fouler aux pieds ces hypocrisies et ces condescendances devenues insupportables…