http://www.fig.saint-die-des-vosges.fr/le-festival/fig-2015
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ème édition du Festival International de Géographie (FIG en
abrégé) de Saint Dié des Vosges, cette année 2015 du vendredi 2
octobre au dimancheLes Territoires de l'Imaginaire, utopie,
représentation, prospective
Pays
invité : l' Australie
Grand
Témoin : Florence Aubenas...
Je
m'y trouvais présent, à ce festival, comme les années précédentes,
depuis 2005.
En
effet je suis -et j'ai toujours été- depuis mon enfance, un
passionné de géographie, d'Histoire aussi, et de sciences de la vie
et de la Terre... et d'astronomie.
...
Des films, des documentaires, des expositions, des spectacles, outre
les nombreuses conférences, étaient également prévus tout au long
de ces trois journées, sans compter le salon du Livre et... l'
"Espace gourmand" produits régionaux... pour lequel je
n'ai pas -je l'avoue- "une grande prédilection" (cela ne
fut point ma priorité, pas plus d'ailleurs que les "boutiques
de gadgets" de l'Espace Georges Sadoul, le lieu "mythique"
(et d'accueil) du Festival...
143
conférences réparties en une vingtaine de lieux dont les principaux
sont l'espace Georges Sadoul, la salle de conférences du musée
Pierre Noël, la Tour de la Liberté, la cathédrale...
11
"tables rondes" notamment pour les trois les plus
importantes et ayant eu le plus grand nombre d'assistants, dans la
salle Yvan Goll de l'espace Georges Sadoul, à la Tour de la liberté
et à la Cathédrale...
17
documentaires projections de films vidéos, 6 films long métrage...
39
séances ou conférences géomatiques (outils et méthodes permettant
d'acquérir de représenter, d'analyser et d'intégrer des données
géographiques, ateliers numériques)...
9
cafés géographiques...
27
manifestations littéraires...
6
grands entretiens...
21
expositions...
...
Tout cela durant trois jours !
...
Il faut dire que les intervenants, géographes, chercheurs,
scientifiques, auteurs d'ouvrages, ainsi que leurs accompagnants pour
l'organisation, la logistique, la présentation ; tout cela déjà
représente pas mal de monde, venu de la France entière, d'Europe,
d'un peu partout dans le monde...
Et
comme chaque année, l'espace de la Gastronomie (on dit à présent
"espace gourmand") situé dans le grand bâtiment de
l'espace François Mitterrand ; et le Salon du Livre (tous ouvrages
de géographie et autres) ont "fait le plein" car c'est là
en ces deux lieux que viennent plus de la moitié des visiteurs
durant les trois jours (avant 2013 le festival durait quatre jours et
commençait le jeudi)...
Personnellement
en ce qui concerne les "cafés géographiques" (le concept
de "café géographique) je suis disons "un peu réticent"
car en ces lieux je trouve que les gens sont "un peu trop
serrés" les uns les autres autour des tables de café et que
les images, les documents vidéo, projetés à partir d'un ordinateur
sur un écran de petite dimension, sont peu lisibles, sans compter
l'inconfort de la position assise ou debout avec son verre à la
main, au milieu des participants agglutinés...
L'
"Espace Gourmand" à mon sens, "n'a pas grand'chose à
voir" avec la géographie, d'autant plus que l'on y retrouve là,
chaque année, quel que soit le pays invité (je pense aux
"spécialités culinaires et gastronomiques" de ces pays
invités) presque essentiellement des produits "locaux"
(bien Vosgiens ou Lorrains) sinon des produits somme toute "de
consommation de masse" tels que l'on en trouve sur bien des
marchés dans toute la France...
Il
y avait cette l'année avec l'Australie pays invité, dans deux ou
trois restaurants de Saint Dié, au menu... du kangourou ! Mais je
n'ai guère senti la nécessité -ni l'envie- d'opter, question
restauration ou "casse-croûte" à midi, pour un "steak
de kangourou"... Cela dit, en France, en Europe, en Amérique ou
ailleurs... "on mange bien du veau, de l'agneau, du boeuf, du
porc, et même du cheval" ! Alors, du kangourou en Australie...
... ...
...
La présence de Florence Aubenas lors de cette 26 ème édition du
FIG, en tant que "Grand Témoin" ainsi que quelques
"moments forts" de ce FIG 2015, tels celui de la
présentation du thème "Les territoires de l'imaginaire"
par David Valence maire de Saint Dié lors de la cérémonie
d'ouverture à l'Espace Georges Sadoul ; celui du Grand Entretien
entre Florence Aubenas et Antoine Spire à la cathédrale, et celui
de la table ronde "rêves de migrants" à la Tour de la
Liberté... Furent à mon sens, les événements les plus marquants
de ce FIG 2015, de par le message transmis, de par la densité, de
par la gravité de la réflexion suscitée...
...
Selon Florence Aubenas, "le rôle des médias est terrible, ils
donnent une représentation à tout le monde, un instantané
permanent et ravageur"...
Cependant
Florence Aubenas se déclare optimiste quant à ce qui est perçu par
un nombre de plus en plus important de gens, dans la mesure où les
gens s'interrogent et ne suivent plus les courants qui sont sensés
"porter" et contribuer ainsi à une sorte de "marché
de l'information" (un marché uniforme et consensuel)...
Exprimé
d'une manière différente mais cela revient au même, ce que dit
David Valence le maire de Saint Dié, procède d'un optimisme tout
autant partagé. David Valence en effet se réjouit du fait que cette
grande manifestation culturelle qu'est le FIG, puisse continuer
chaque année à réunir autant de géographes, de chercheurs, de
scientifiques, d'intellectuels d'une part... Et tous ces visiteurs,
ces gens venus non seulement des Vosges et de la Lorraine mais aussi
de la France entière et d'ailleurs, tous ces gens manifestant ainsi
par leur présence l'intérêt qu'ils portent à ces questions de
géographie, d'état du monde, de relation humaine...
Le
caractère d'accessibilité, de gratuité, d'ouverture à tous, de ce
festival, ainsi que le rapport, la relation entre les conférenciers,
les personnes invitées, et les visiteurs... les dialogues qui
s'instaurent, les débats suscités dans un esprit dépouillé de
toute passion exacerbée... Entretiennent c'est vrai, un optimisme,
une espérance...
Cependant
pour ma part je m'interroge sur la portée d'un optimisme que je ne
partage qu'en partie :
Je
me dis "qu'en est-il au vrai de cette capacité que l'on peut
avoir en soi, de créer, d'"allumer" du contact ? Comment
par exemple, une personne qui lit des livres, qui a poursuivi des
études universitaires ou autres, qui a une formation intellectuelle,
comment une personne qui a disons un certain niveau de culture, qui
réfléchit, pense, s'interroge (par habitude et parce qu'elle a été
formée ou s'est elle même formée) , comment une personne, encore,
qui a un niveau de vie (confort, revenus, maison) suffisant ou
relativement élevé...
Comment
cette personne là oui, peut-elle, va-t-elle pouvoir, souhaiter,
envisager, accepter, s'y prendre (pour autant qu'elle le souhaite,
l'envisage, l'accepte) ... créer, "allumer" du contact
avec cette autre personne qui elle, vit dans un environnement
culturel et social -et de revenus et de confort- si différent, si
opposé même bien souvent ?
L'on
dit "se mettre à la portée"... Mais n'est ce point là,
n'y-a-t-il point là comme une forme plus ou moins directe de
condescendance, à "se mettre à la portée " ? Comment
l'autre en effet, peut-il percevoir cette manière dont on s'y prend
pour créer le contact ?
Sans
doute le regard que l'on porte a-t-il de l'importance, de l'impact...
Déjà... Ce regard qu'à vrai dire, qu'à hélas dire, personne ne
porte sur personne... Ou que l'on porte "noir"et sans le
moindre accueil...
Cette
question de la capacité que l'on peut avoir en soi (que l'on a ou
que l'on n'a pas parce que l'on ne conçoit pas de l'avoir), de
créer, "d'allumer" du contact (et donc de la relation)...
Est
en quelque sorte la "clef de voûte" de ce qu'il s'avèrera
nécessaire d'édifier pour qu'enfin commence comme on dit "un
monde différent"... Car sans cette capacité, l'on "n'arrivera
jamais à rien" et chacun demeurera sur ses "positions"
c'est à dire sa culture, son genre de vie, son ressenti, ses
émotions et tout cela dans le courant qui le porte...
La
part d'optimisme que je partage avec Florence Aubenas, ou avec David
Valence, en fait, vient de cette réalité :
Ce
que je dis au sujet de la capacité qu'on a en soi d'allumer de la
relation même là où cela paraît difficile voire inconcevable,
dangereux ou impossible... L'on parvient bien à le faire avec un
chien, un chat, un oiseau, presque n'importe quel animal, alors qu'on
est pourtant un humain avec tout ce qu'il y a d'humain en nous !
(Certes ce n'est pas facile... Mais des humains y arrivent)...
La
question tient en fait pour l'essentiel dans la différence très
grande qu'il y a entre d'une part, une ou des situations de confort
pour un certain nombre de gens ; et d'autre part une ou des
situations d'inconfort pour d'autres gens, en sachant bien que les
situations d'inconfort sont hélas les plus nombreuses.
Le
confort qu'il y a à être d'un certain niveau culturel par exemple,
ou dans un bon environnement familial, ou encore dans une condition
d'aisance (revenu, maison, cadre de vie), implique le plus souvent
que l'on ait du mal, beaucoup de mal à comprendre des gens autour de
soi et partout dans le monde, qui eux, vivent dans l'inconfort de la
pauvreté, de la misère, de l'ignorance ; dans l'inconfort d'un
nivellement culturel par le bas "entré dans les moeurs"...
Il
y a vraiment de ce côté là, pour chacun d'entre nous dans la
mesure de sa condition personnelle, un effort considérable à
accomplir, une question à se poser sur la capacité qu'on a en soi à
pouvoir communiquer, concevoir de la relation avec des gens d'une
condition bien différente de la nôtre... Des gens qui "ne
voient pas du tout pareil", qui, par exemple n'ont pas envie de
lire des livres, et dont la "culture" n'est autre que celle
dont ils ont été gavés, et dont les soucis, les préoccupations,
les besoins, font les gens qu'ils sont, qu'ils paraissent aux yeux
des autres...
Le
drame, l'un des drames de notre époque actuelle, ce sont ces
intellectuels, ces politiques, ces gens que l'on voit sur les
plateaux de télévision, ces "grosses têtes" ... et d'une
manière générale tout ce qui de près ou de loin s'apparente à
ces intellectuels, politiques et gens de télévision et de
spectacle... Qui sont à des années lumière, dans leurs "sphères
célestes", du monde du citoyen lambda, des gens que nous sommes
pour la plupart d'entre nous...
Cet
effort, oui, déjà... il peut commencer par un regard, ce regard que
l'on a sans doute eu dans ses yeux lorsqu'on était enfant, qui
parfois peut nous venir, mais que nous n'avons plus, ou qui est
devenu ce regard noir et inaccueillant avec lequel on pourfend celui
ou celle qu'on ne comprend pas, qu'on refuse de comprendre, qu'on
veut pas qu'il nous dérange...