... Pierre Desproges aurait lu tous les livres de la Comtesse de Ségur dès l'âge de 8 ans...

Et quand on sait le personnage que fut Pierre Desproges, que soit dit en passant j'adore... Et bien "il me bat" ! ... D'une "sacrée longueur", le bougre !

En effet, c'est seulement à l'âge de 14 ans que je découvris, dans la bibliothèque de l'école communale d'Arengosse dans les Landes, où mon oncle et ma tante étaient tous deux instituteurs, ces deux collections pour la jeunesse qu'étaient "la bibliothèque rose" et "la bibliothèque verte"... Mon tout premier livre fut "Les petites filles modèles", de la comtesse de Ségur...

Auparavant je n'avais jamais lu que Mickey, Tartine, Bibi Fricotin, Les pieds Nickelés, Pim-Pam-Poum, Tom et Jerry, Bunny...

... Alors je peux bien... outre mes textes "les plus présentables"... sortir de temps à autre "quelques textes pirate" !

J'attaquai ensuite la "bibliothèque verte" avec L'île mystérieuse, de Jules Verne... Et à l'âge de 16 ans rédigeai dans un cahier de 192 pages à petits carreaux, ma première série de textes et d'anecdotes... Mais ce cahier, bien des années plus tard, je le mis au feu car je le trouvais "trop doudouille"...

Ah, Pierre Desproges !... qui avait horreur des coiffeurs et se faisait couper les cheveux par sa femme ! Dont on voit sur la couverture d'un de ses livres, qu'il serre dans son poing un poussin (à moitié éclaté et en sang) ! Et la "gueule qu'il fait" en serrant le poing !

Voilà un mec qui, au moins, n'a jamais fait dans la dentelle !

Tiens, comme c'est curieux : maintenant qu'il est mort (depuis déjà un certain temps)... On le vénère ! (enfin, pas les "fous du sens du monde" tout de même, qui eux, quelque soit ton talent ou si tu as tout de même dit ou fait "des trucs bien" dans ta vie, t'écraseront de leur mépris et de leur indifférence pour tes pirateries, tes salaceries ou tes hyiéroglyphes)...

Est-ce que vous savez qu'il y a -et qu'il y a toujours eu- ... des pessimistes enragés et emmerdants au possible, mais fous d'amour et parfois, délirants envers et contre tout d'un optimisme sorti d'un chapeau ?

... Dimanche 31 juillet sur France 5 à 22h 05, il y avait "maisons d'écrivains", Pierre Loti et sa maison de Rochefort... Rochefort, la ville portuaire où l'on construisait des bateaux depuis Louis 14... Un environnement donc, de marins, d'aventuriers...

A une époque où personne (le commun des mortels) ne voyageait jamais, où l'on passait toute sa vie dans son village, dans sa campagne ; et encore à l'époque de Pierre Loti (1850-1923), où il n'y avait ni télé, ni magazines, peu de livres, pas d'internet ni de grandes encyclopédies vendues en milliers d'exemplaires... Où la photographie en était à ses premiers balbutiements... Il est certain qu'un auteur de cette "trempe littéraire" (comme d'ailleurs Balzac, Zola, Flaubert, George Sand et d'autres encore, tel Jules Verne)... Ne pouvait à cette époque où le monde était à découvrir et où même des continents étaient en grande partie inexplorés, ne pouvait donc que faire rêver par ses livres, des milliers de gens (souvent de modeste condition)...

A cette époque, commençait la "vulgarisation" du livre, en collections "bon marché", parfois illustrés, au papier brut, couverture à peine renforcée et dont on devait couper les pages liées...

Je pense à toutes ces "jeunes filles et jeunes femmes romantiques", à tous ces jeunes et moins jeunes gens des villes et des campagnes, qui, après avoir reçu une instruction "de base" (laquelle instruction d'ailleurs, "valait son pesant d'or")... lisaient ces livres, et rêvaient voyages, pays inconnus, aventures... Et ces grand'mères, ces pépés, ces femmes "au foyer"... oui, tous ces gens travaillant très dur, qui trouvaient le temps de lire !

Il faut dire aussi qu'un auteur tel que Pierre Loti, marin, voyageur, ayant parcouru toutes les mers du monde, vu autant de pays et de peuples... Avait cette manière de raconter, de telle sorte que les images "sortaient directement des mots"...

Au début du 20 ème siècle, il y avait aussi Henri Bordeaux, dont la production romanesque était prodigieuse, et dont les livres dans les collections populaires s'achetaient sur les marchés et étaient lus par des milliers de gens de toutes conditions sociales...

L'on dit aujourd'hui que ces auteurs là, de la seconde moitié du 19 ème et du début du 20 ème, sont "complètement dépassés", "vieillots", d'un style suranné voire ampoulé ou baroque, et ne peuvent plus avoir le moindre succès tant les histoires qu'ils racontent ne sont plus "de notre temps"...

Mais ce que l'on dit être "la littérature moderne" (c'est à dire celle d'aujourd'hui en l'occurrence et qui préfigure celle de demain en outre)... Est tout de même héritière de son passé, et tout ce qui la fait innovante autant dans ses formes que par sa portée, n'aurait jamais pu être sans ce qui depuis des millénaires, fut...