Outre les dégâts matériels dont le bilan est incalculable tant ils sont immenses, outre toutes ces destructions de maisons, de routes, de villes, de bâtiments et d'infrasctructures, commerces, industries, usines et installations portuaires... Outre même le bilan humain en disparitions, de cette gigantesque catastrophe naturelle que fut le tsunami le long des côtes du Japon le 11 mars 2011...

Il y a la dimension vertigineuse, le caractère indicible au delà même de toute émotion, au delà de tout ce que l'on peut ressentir, au delà de tout ce dont on peut s'interroger, au delà du sens que nous donnons à nos vies... Il y a oui, la dimension prise par la disparition de ces milliers de vies... Ces milliers de femmes, d'hommes, d'enfants, formant des familles et des communautés villageoises ou urbaines, avec leurs projets, leur esprit, leur intelligence, leurs réalisations au quotidien, leurs rêves, leurs créations, leurs aspirations, tout ce qui faisait l'univers de leurs vies, l'univers en quelque sorte de chacun d'entre toutes ces personnes, hommes, femmes, enfants... Un "univers" de pensées, de rêves et d'échanges, de liens familiaux et d'amitiés, de diversités culturelles... Tout cela disparu en quelques minutes... Disparu à jamais... Car tout ce qui pourra être reconstruit, édifié de nouveau, tous les liens qui se reformeront, tout ce qui se refera, le sera sans eux, sans eux qui par milliers sont partis, engloutis ou écrasés...

Tout un passé, tout un présent et tout un avenir, qui furent le passé, le présent et l'avenir de milliers de gens... Comme "rayé d'une carte graphique, d'une mémoire stockée en données d'image et de texte sur un disque dur, un support informatique"... (Je pense à tout ce qui était consigné dans les mémoires des ordinateurs, aux dessins d'enfants sur les murs des écoles, aux photos dans des albums, aux journaux intimes écrits, à tout ce qui faisait et laissait trace de chacun de ces êtres, femmes, hommes et enfants)...

Alors je comprends que dans l'ampleur et dans la dimension d'une telle catastrophe naturelle, lorsque tant et tant de vies humaines d'un seul coup s'arrêtent et qu'il ne demeure plus même le boîtier de la pendule... Que tout n'est plus que chaos, décombres, vêtements déchirés, maisons écroulées et corps sans vie disloqués ou empilés... L'être humain puisse s'interroger sur l'existence d'un Dieu, de quelque chose qui ressemblerait à Dieu, sur le sens profond de la religion, sur le caractère indicible, déconcertant, de ce qui échappe à l'entendement humain... Et penser que "tout un jour de ce qui a été perdu sera retrouvé"...

Quand un homme ou une femme meurt, quand un enfant meurt... Un seul homme, une seule femme, un seul enfant... C'est déjà tout un univers qui cesse d'être...

Et quand se sont des milliers, des milliers et des milliers de ces femmes, de ces hommes, de ces enfants... Ce sont autant d'univers qui font dans l'immensité de l'espace, comme un "trou noir" béant... Une sorte de "blessure cosmique" que le temps, qui se compte par milliards de nos "années terrestres", transformera en une cicatrice indélébile...