Des univers urbanisés ou qui ne cessent de s’urbaniser...

Il n’y a pas si longtemps encore, nos villages étaient ruraux, avec une rue principale, des boutiques, la place de l’église, et quelques maisons disséminées aux alentours. Aujourd’hui presque tous ces villages ont pris un air de ville, avec des aménagements de voirie, des zones commerciales ou artisanales, des lotissements… Et la ville d’autrefois, devenue tentaculaire, s’entoure désormais de « cités dortoirs », de zones pavillonnaires ou de ceintures d’ensembles résidentiels, de tours de plus de dix étages…

Clans, réseaux, groupes, appartenances, repères, limites, rites, langage et culture «à part»…

Le voilà, le monde de la relation humaine : une constellation de "bulles environnementales retranchées" et dispersées dans un "no man's land" qu'il faut essayer de traverser afin de parvenir à se parler...

Tant que l’on écrira comme l'on écrit sur tous les sujets d’actualité depuis des dizaines d’années, jamais l’on ne convaincra, jamais l’on ne sortira de l’impasse… Tout ce que l’on sait faire, c’est aligner des argumentations à n’en plus finir, exacerber des émotions et du ressenti. Mais la mayonnaise ne prend plus! Les gens en ont marre des discours, ne croient plus aux « recettes miracle » et autres contes de fée, et les coups de gueule/coups de bâton ne cessent de marteler le brouillard gris du "no man's land"...

Ce qu’il nous manque, c’est un regard qui ne se laisse plus diriger vers ce que l’on veut nous faire voir.

« ça c’est bien, ça c’est mal» ou «c’est des cons, c’est des pourris»… Voilà ce qu'on entend selon ce que l'on veut nous faire voir !.. Et tous ces faits divers, présentés dans les journaux et à la télévision dans le but de sensibiliser et de créer de l’émotion !

Assez de tous ces débats qui ne riment à rien !

Laissons les gens parler, tout simplement, parler d’eux, laissons les faire leur «patchwork», écoutons les, échangeons avec eux du vécu, du rire, des «petits riens», de la «vie tout court», arrêtons nous sur les images qu’ils nous font voir, sur leurs créations, leurs acrobaties…

Le «Grand Forum Général», qui est celui de la rue, des places publiques, des lieux ouverts ou clos en lesquels se rencontrent les gens, n’est encore aujourd’hui qu’un immense champ de bataille dont personne ne sort vainqueur, où tout le monde veut gagner à tout prix, à n’importe quel prix ! Cela ne peut plus durer ainsi !

Le « Grand Forum Général » ne devrait-il pas être un lieu d’échange, un lieu d’anti solitude, d’anti isolement, d’anti exclusion ?

Et avant même de présenter, de dérouler comme par magie, des « projets bien ficelés » ; l’essentiel n’est-il pas dans quelque "regard étincelle" qui viendrait allumer de la relation ?