Verglas...

Neige et verglas...

Et grand froid...

Neige et verglas sur les routes et autoroutes d'Ile de France...

Totomobiles cul par dessus tête...

La météo se fout de la réactivité des Marchés, des Affaires, du Pognon, et du "faut qu'ça tourne comme ça doit tourner"...

... Et même si Evelyne Déliat se drape d'une jolie robe, demain il fera froid!

Merde aux Marchés!

Merde aux joujoux nouveaux pour gosses d'riches!

Merde aux immenses plats ovales de beurre à escargots!

Merde à tout ce falbala, à toutes ces guignoleries et à tout ce bazar de pacotilles !

Merde à toute cette bouffe en barquettes, en pots et en tubes!

Merde à tous ces jeux et pubs sur Internet et dans les mails!

Merde à cette richesse de merde qui occulte la misère, et se coltine en containers et camions jusqu'aux p'tits et gros marchés d'la cité des Humanuscules et voudrait qu'il neige jamais!

Du haut en bas (ou du bas en haut) de l'échelle de la connerie du Marché, de la Mondialisation et de la Consommation ; c'est à dire depuis les équipements, loisirs et produits "haut de gamme" destinés à une clientèle ultra riche, jusqu'à tout ce qui s'achète par des millions de gens à revenus modestes... La période de Noël et du Jour de l'An est sans doute l'un de ces temps de l'année avec les mois de vacances d'été, où futilités, gadgets, nouveautés, jeux et jouets, fringues et bouffe en tout genre sans compter tous les produits de "culture et de loisirs de masse", envahissent les magasins, les grandes surfaces commerciales, les boutiques et les places de marché... Et l'esprit, la tête et le coeur et le quotidien des gens !

Soit dit en passant tous ces produits de consommation de masse d'une part, et une bonne partie de tout ce que les "ultra riches" achètent d'autre part, vient souvent de fort loin, acheminé par containers sur des milliers de cargos puis sur les axes routiers de toute l'Europe et de toute l'Amérique du Nord. Plus rien ou presque plus rien n'est fabriqué "au pays" puisque les sites de production ont fermé leurs portes ou ont été délocalisés.

À voir tout cela, à perte de vue de rayons de grandes surfaces et de boutiques et de longueurs de rue et de largeurs de places publiques, de vitrines illuminées la nuit, et déboulant de tous côtés par camions semi remorques... À voir aussi et à perte de vue, toute cette orgie de produits alimentaires (viandes, charcuteries, confiseries, pâtisseries, fruits et légumes exotiques)... Et ces foules de gens poussant des caddies énormes, ce bruit, ces spots lumineux, ces panneaux de publicité géants, ces parkings immenses et ces zones commerciales avec toutes ces constructions industrielles et bâtiments de structure métallique, zones dans lesquelles on accède par un réseau complexe de voies de circulation et de rond-points... Je me dis : "mais elle est où la misère du monde? Ils sont où les pauvres ?

Oui c'est vrai, dramatiquement vrai, bête à en pleurer comme un gosse... Absurde, surréaliste, démentiel... La misère ne "se voit pas", et quand elle se montre, sous la forme d'une "forme allongée ou à demi assise", une forme "humaine" dépenaillée et tendant la main devant l'entrée de l'Intermarché local... Alors elle est incongrue, obscène presque... Elle est comme une insulte à nos certitudes confortables (ou à ce qui peut encore subsister de nos certitudes)... Elle dérange... Et, à la limite, elle n'est "pas crédible"...

La misère, la misère du monde et des gens ne se voit pas... Parce que la misère est ostensiblement, insolemment occultée par la richesse de ce même monde, une richesse qui n'est que de façade mais qui pète comme des fruits pourris éclatant sous la brûlure d'un été sans fin, et s'étale comme des milliers de fesses de vacanciers sur une plage immense...

L'épisode de neige et de verglas et de froid et de vent, qui vient de sévir sur la région parisienne ce 8 décembre 2010, immobilisant des milliers de voitures et de camions sur des dizaines de kilomètres pendant des heures et des heures... Tous ces véhicules "cul par dessus tête", renversés sur le bord des autoroutes d'Ile de France, et même parfois abandonnés sur place par leurs propriétaires ; toute cette pagaille, toute cette désorganisation de la vie économique et donc des marchés, des affaires, du pognon et de la consommation de masse... Oui, tout cela, c'est comme un coup de pied monumental dans la fourmilière en folie! (la météo se fout de la réactivité des Marchés et du fait que les gens veulent que "ça tourne comme ça doit tourner")!

Neige...

Neige et verglas...

Et grand froid...

Plusieurs fois dans l'hiver d'une Europe sillonnée d'autoroutes aux paysages urbanisés et surfacecommercialisés...

Neige et verglas et froissement de tôles...

Totomobiles en dérive de la Fiat panda des pauvres à l'oldsmobile à quarante mille euros des riches à crever...

Neige et verglas sur ce grand merglas de grande bouffe et de grande connerie!

... Et en été torride, chaleurs à crever et orages à démolir les villages de vacances...

La météo se fout des Marchés, des réservations dans les hôtels et du "tout tout de suite" !

La misère ne se voit peut-être pas – parcequ'on ne veut pas la voir- mais elle est là, bien là, ancrée en îlots et en guetthos partout au beau milieu de la richesse insolente et vulgaire et devenue banale, et il se pourrait bien que cette misère se mette plus en colère encore que la météo...