Autrefois, du temps des premières civilisations humaines les plus évoluées, de ces civilisations dont nous n'avons pas encore tout découvert et qui demeurent mystérieuses – et qui ont existé – les hommes gravaient sur de la pierre, sur des blocs de pierre ou sur des terrains même... C'étaient des signes, des dessins, des figures géométriques, des inscriptions ressemblant à de l'écriture... Une forme de langage... Face au ciel.

J'ai imaginé que ces hommes là, gravaient dans la pierre parce qu'ils pensaient que les dieux seraient leurs lecteurs...

Mais ces hommes là ne savaient pas où demeuraient les dieux, ni comment les joindre, ni s'ils étaient nombreux ni quel était leur langage... Ni s'ils viendraient un jour sur la Terre, ni s'ils étaient déjà venus... Ils ne les avaient jamais vus non plus... Mais ils les « entrerêvaient »... Assurément ils devaient être à leurs yeux, ces dieux, des lecteurs privilégiés...

Ce n'était point là, de la religion... La religion et les cultes sont venus après, bien après les hommes de ces civilisations. L'écriture sur le papier, les livres, les feuilles imprimées... Et plus tard le téléphone, la radio et la télévision... Et Internet, sont venus après, aussi... Et avec l'écriture, avec la télévision et Internet... Avec l'écriture surtout... Sont venus les grands auteurs, tels des « dieux », des dieux vénérant ou contestant les dieux des religions...

Les dieux que les hommes se sont faits, ou les dieux des religions... Sont-ils des lecteurs privilégiés pour les hommes d'aujourd'hui ? J'en doute... À dire vrai je ne le crois pas...

... Je pense très fort à ces hommes des premières civilisations, qui gravaient dans la pierre face au ciel...

Je pense aussi à ce cosmonaute de mon histoire, naufragé de l'espace et survivant, dans une petite coque de sauvetage et errant dans une galaxie, si loin de sa planète d'origine... Et qui rédigeait encore son journal de bord !... Comme si des sortes de « dieux » un jour pourraient avoir connaissance de ce journal de bord ! Comme si ces « dieux » somme toute, n'étaient jamais que des hommes – ou des sortes d'hommes - tels que ce cosmonaute perdu à jamais dans l'espace...

... Je ne suis pas du genre à « monter sur les tables » pour haranguer ou discourir devant une foule ou même devant une petite assemblée de personnes... Je ne suis pas foutu en l'occurrence, d'aligner trois mots en face du moindre public... Je n'aime pas « me mettre en valeur » et dans la moindre assemblée de personnes – fûssent-elles connues, ces personnes, de moi – je préfère observer et écouter ce qui se dit... Plutôt que d'intervenir et d'argumenter, ou de pérorer, ou d'essayer « prouver » quoi que ce soit... Les « cadors » ne sont pas, à mes yeux, des « dieux »...

... Mais je me sens du genre à « graver sur la Toile » comme autrefois les hommes sur la pierre face au ciel...

La Toile c'est le « ciel »... Les supports d'écriture (les forums du Net) c'est la pierre face au ciel...

Et les « dieux » ce sont tous ces visages que je n'ai jamais vus, dont je ne sais la demeure, dont je ne sais le langage ni s' ils sont nombreux, ni s'ils viendront un jour ni s'ils étaient déjà venus... Et ce sont ces « dieux » là, mes lecteurs privilégiés, ces dieux là que « j'entrerêve » et que j'aime !

Mon voisin ne sait pas que j'ai un site... Ou s'il le sait, c'est parce qu'il en a entendu parler.

Dans ces deux régions de France, l'Aquitaine et la Lorraine, où je vis alternativement, je ne parle jamais aux gens de mes travaux d'écriture et de ces “vingt mille lieues par les mots” sur la Toile... Je n'en parle pas non plus dans ma famille lors de ces réunions ou retrouvailles qui nous rassemblent...

Mais sur la Toile, je grave. Et je grave comme sur la pierre face au ciel.

Si d'aventure, quelqu'un m'ayant lu sur la Toile, me reconnaissait dans la rue ou en un lieu public ( je n'ai pas “retouché” ma photo avec photoshop)... Alors cette personne homme ou femme, je lui offre mon visage et mon regard... Comme si j'étais une très belle femme dont les lèvres s'entrouvriraient...

Quand je serai mort je ne pourrai plus offrir mon visage et mon regard.