Elle, c'est Colette, une amie...

Je l'évoquai une ou deux fois dans mes écrits... Dans un ou deux (ou trois) de mes textes (sans doute en 2005)... Mais je ne la nommai point...

Faut-il nommer les gens qu'on aime pour les “éterniser” en les écrivant ?

Est-ce que par exemple, tel petit garçon ou petite fille de l'an mille, sans autre nom qu'un sobriquet, gardien de chèvres dans un village pyrénéen ou de montagne noire... Et raconteur de très belles histoires aux veillées, ou joueur de flûte... Peut “passer à l'éternité” par la plume d'un homme ou d'une femme d'écriture du 21ème siècle? Sans nom, totalement anonyme et petit être des plus ordinaires en ce monde?

Elle, elle, elle...

Née le 21 juillet 1946, disparue le 22 juillet 2009 lors d'un accident de la circulation. Heurtée par un camion sur un passage pour piétons à Barbazan, zone artisanale et commerciale de Bruyères dans les Vosges...

Elle, elle, elle...

Du temps d'Elle autant que je me souvienne, passaient les jours, des jours qui jamais ne se ressemblaient vraiment, des jours comme au milieu d'un grand océan sans l'idée d'un port hier ou avant hier, sans l'idée du milieu de l'océan, sans l'idée d'un port demain ou après demain...

Des jours intemporels dans une immensité toute bruissante et animée de nos paroles et de nos rires, et des pensées que nous avions ensemble, à ses côtés... Venaient toujours jusqu'au plus haut du ciel à l'heure de midi, ce visage de lumière, ce regard empli de chaleur, qui dès le matin irradiaient et chantaient la vie ; ce visage comme un soleil s'en allant dormir de l'autre côté de l'horizon – mais pas toujours à la même heure- un soleil que jamais au grand jamais l'on eût pu penser qu'il ne réapparaisse point au matin...

Elle, elle, elle...

Et c'est son rire que j'entends... Son rire à nul autre pareil... Un rire de gamine des rues ou des prés, devant un panneau d'interdiction impromptu et sans doute inutile ; un rire sautant hardiment quelque barrière... Et ce rire là est une des plus belles musiques que j'aie jamais entendues dans ma vie...

Elle, elle, elle...

Elle que “j'éternise” de ma plume d'homme d'écriture...

Elle que de mon vivant je ne reverrai plus mais dont le visage de lumière et le rire de gamine des rues ou des prés, dans ces jours transparents et vibrant de chaleur comme la surface d'un grand océan sous les tropiques, n'auront jamais ni d'autrefois, ni d'aujourd'hui ni de demain...

Car en sa présence aucun jour ne ressemblait à un autre jour, et c'était – et c'est encore – un jour infini au regard comme un soleil faisant le tour du ciel et revenant toujours...

Un regard qui nous “existait” plutôt qu'il ne “s'existait”...

... Colette, chère Colette, amie de jeunesse de ma femme, notre amie... Que de discussions ensemble, toutes aussi passionnantes les unes que les autres, n'avons nous pas eues, lors de ces promenades “sur les hauts” Vosgiens, que nous faisions si souvent... Et à chaque fois que nous nous voyions pour un soir, pour une fête, un anniversaire ? C'était, oui, “intemporel” et les jours “étaient comme un seul jour”!