La manière dont on parle d'un livre est "révélatrice" de ce que l'on sent, et donc de soi même...

... Cela m'amène à me poser la question suivante : " comment et avec qui (plutôt que qui) parler vraiment d'un livre... Faut-il en parler comme le ferait par exemple, un critique littéraire (dans le plein sens du terme c'est à dire en faisant abstraction de tout ce qui "touche à soi"? (pour autant que l'on adopte selon ses moyens et ses facultés intellectuelles, la manière du critique littéraire - qu'en réalité on n'est pas - sauf si l'on est "versé dans le métier")?

... Et d'une manière générale, pour s'exprimer, raconter, écrire... à partir du moment où l'expression et l'écrit sont diffusés ou communiqués... Faut-il "privilégier" plutôt une expression littéraire objective, analytique, argumentée, rationnelle, "bien construite", "très belle" sur le plan de la forme, sobre, épurée, discrète, élégante sans effets spéciaux inutiles ou désastreux... Plutôt qu'une expression ou une écriture plus "révélatrice de soi"?

... Le monde étant ce qu'il est, les gens ce qu'ils sont, et comme nous demeurons malgré tout dans les mêmes valeurs et les mêmes reconnaissances, les mêmes repères, les mêmes critères, en dépit de tout ce qui dévie... Je crois que la question est importante et mérite réflexion...

... Poursuivant cette réflexion, il me vient subitement à l'idée que Pierre Desproges, Coluche, Jacques Brel, par exemple (et l'on pourrait en citer bien d'autres)... N'étaient pas, il me semble, des gens "particulièrement discrets" (du moins sur la scène publique ou dans leur entourage d'amis et de copains artistes)... Peut-être (comme chez bon nombre de gens se produisant en public ou encore dans un "espace" public) étaient-ils "plus discrets" dans un espace "privé" ou avec leurs proches ou amis et copains non artistes (gens de leur connaissance, voisinage).

... Pour prendre un autre exemple :

Jean d'Ormesson, de l'Académie Française, qui a tout de même accepté de participer à l'émission "On est pas couchés" afin de faire de la publicité pour la rubrique culturelle du Figaro dans laquelle il parle de ses amis auteurs et écrivains préférés...

... L'ostentatoire et le "personnel" sont "mis à l'index" et passent pour être des défauts dont le principal est celui de se "mettre en avant"... "Le fonds de ses tripes" parce qu'il est sincère et qu'il "ne fait pas dans la dentelle", se fait "vérité"... Et il “déborde”...

... "Faire peu de bruit" autour de soi, être discret ; c'est plus “civil”...

... Avez vous lu "Les Autres" d'Alice Ferney? Quelle "école" dans le domaine du relationnel, ce livre là !

Reste encore une autre question... (à vrai dire la question est une question avec je ne sais combien de tiroirs) :

Dans le style vraiment personnel... Il y a parfois du vrai talent! (dans le cas de Jacques Brel c'est évident)...

Alors? Oser? Ne pas oser?

Je ne vois qu'une seule réponse possible... Enfin, je ne "vois" pas, j'avance : “s'il y a de l'amour dans ce que l'on exprime, de l'amour oui (pas de l'ennemour qui n'est que du semblant d'amour)... C'est peut-être "moins problématique" de "naviguer" entre le silence et la discrétion d'une part, et le personnel et le "fond de ses tripes" d'autre part...