Je comprends à quel point un auteur souhaite voir ses oeuvres imprimées et publiées en livres...

Pour ma part, je considère juste un fait qui me semble essentiel... Et qui à lui seul justifie qu'un auteur s'attache à la réalisation d'un ouvrage pouvant être imprimé et publié : l'ouvrage existe désormais tel une trace “gravée” dans la pierre. Cette “trace” c'est d'abord la “matrice”, ou “l'empreinte”, ou le “moule” qui va permettre la reproduction en un certain nombre d'exemplaires, soit sous la forme de tirages de tant d'exemplaires dans le cas d'une édition classique, soit sous la forme d'impression à la demande dans le cas d'une édition en ligne...

Si je puis me permettre une comparaison entre “faire un livre” et entretenir un site ou un blog, je dirais qu'un livre c'est une empreinte dans la pierre ; alors que la tenue d'un blog ou d'un site est une empreinte dans le sable dur, lisse et mouillé d'une plage...

Je fais cette comparaison mais je me rends compte que cette comparaison n'est pas “très heureuse” parce que dans la réalité la visibilité d'un blog ou d'un site a davantage de durée dans le temps qu'une inscription sur le sable d'une plage...

La vraie différence – et cette différence me semble essentielle – c'est que l'empreinte dans la pierre n'est pas, le plus souvent, située sur le “bon passage”, le passage emprunté par les promeneurs. L'empreinte n'aura donc pas, ou très peu, de visibilité. Un livre, en général, même publié en plusieurs milliers d'exemplaires, aura forcément dans le temps, surtout dans le temps présent et immédiat (d'une saison par exemple) un nombre limité d'acheteurs/lecteurs...

Qui d'entre nous par exemple, auteurs en ligne, ou imprimant eux mêmes leurs livres, ou encore auteurs publiés par des maisons d'édition classique, peut dire que son livre est chaque jour acheté par 10 personnes ou un peu plus? (en réalité c'est souvent 10 dans un trimestre et encore!)...

Ainsi est “l'empreinte dans la pierre” : peu visible...

Par contre, et c'est là qu'à mon avis cela devient “plus intéressant”... La visibilité d'un site ou d'un blog (que je compare à une inscription sur le sable d'une plage) est nettement plus grande : la plage est le lieu de passage... Il y a foule sur la plage. Certes, les inscriptions sont nombreuses, mais forcément, sur le nombre des gens qui passent, il en est qui voient, qui lisent...

En vérité lorsqu'un livre a 10 acheteurs par jour ou par trimestre... Un site ou un blog a 20 à 40 ou plus de visites par jour, ce qui peut donner en un an 10 000 consultations... Et l'on peut déduire de cela, que ces quelque 10000 consultations annuelles génèrent potentiellement au moins 1000 personnes “régulières” qui visitent ce site ou ce blog entre 1 fois par semaine et 1à 5 fois dans l'année...

Essayez donc de faire lire votre livre par mille personnes dans une année!

Vous voyez la différence!

Il y a donc à mon avis, une plus grande visibilité pour un écrivain à faire un site ou un blog, qu'un livre... Mais le livre, lui, est une “empreinte” un peu plus profonde si je puis dire...

J'ai fait et je ferai donc des livres...

Visibilité de l'artiste, oui... Mais sa marque ?

... Mais que dire également de la visibilité d'un artiste (ou d'un écrivain) sinon de ce qu'il en reste?

Qu'est-ce que la visibilité, que représente la visibilité... Sans la MARQUE ?

Il y a ces "amuseurs grand public" (comiques, poètes chanteurs émouvants et drôles, raconteurs d'histoires cocasses, trublions ou clowns un peu fous, parodistes, comédiens, bouffons, imitateurs et autres décapeurs...) qui "remplissent" les salles de spectacle, que "tout le monde va voir"... Mais que reste-t-il au lendemain, et dans ces jours et ces mois et ces années qui viennent, de ce qui nous a tant amusé (et ému) un soir? Car la vie, la "vie tout court", la vie toute bête et ordinaire avec ses factures, ses crédits, ses fins de mois, ses "bintzeries"... Nous rattrape, nous "roule", nous "broie"...

... D'autres artistes (ou écrivains) ont moins de visibilité parce que leur public est plus "limité" quoiqu'ils remplissent eux aussi les salles... Mais MARQUENT davantage quelques personnes dans la salle sinon toutes les personnes dans la salle...

Nous sommes "marqués" lorsque ce que nous avons vu et écouté de l'artiste se produisant sur la scène va "laisser une trace" dans notre vie, la vie que nous vivons... Et lorsque de cette trace viendra l'essence (ou l'idée ou l'esprit) du mouvement qui va nous entraîner, nous faire réagir...

Dans la "marque" il y a aussi l'information et la connaissance révélée (ou redécouverte si elle avait été occultée)...

... Je ne crois pas en la visibilité sans la marque.

Je crois que la seule visibilité d'un artiste ou d'un écrivain n'est pas autre chose qu'un travail bien fait, de bonne facture. Un travail utile et nécessaire...

Il vaut mieux en effet, être bien assis sur une chaise qui ne "gnigue/gnigue" pas jusqu'à ce qu'elle casse, et que l'on puisse s'asseoir là où l'on va, sur cette chaise!

... Mais si, de la chaise (qui ne "gnigue/gnigue pas") le paysage par la fenêtre ouverte nous paraît différent et que notre esprit s'ouvre... Alors c'est, dirais-je, "encore mieux" et plus durable qu'une "colique de rire" au soir du Grand Tartuffe!