“T'as un gros 4X4, t'es un gros con”... C'est ce que l'on entend, par les temps qui courent...

Il était préférable – et il l'est encore – d'être riche et gras, plantureux, compt'fortable, repu à souhait, crédible, puissant, bien carrossé, bien parechoqué, et pouvant monter à l'assaut des massifs rocheux par des chemins pierreux veinés de racines noueuses...

Oui, c'était bien vu même si on le conteste aujourd'hui. Le Marché s'en trouvait sanctifié et sacralisé... Et le sentiment d'exister en était exacerbé...

Tu avais un gros 4X4, tu existais... Mais tu n'existes plus parce que les règles ont changé.

La perte du sentiment d'exister est comme un trou d'air qui se creuse là où se mouvait une toupie de vent... Ou pire, une lucarne de néant ouverte sur le ciel d'un désert.

Que tu aies un gros 4X4 ou une petite bite, que ton âme soit noire ou bleue, que tu aies un slip troué ou des pompes Nike, un joli visage ou une tête à claques... Tu existes comme existe la fleur de sable dans le désert, l'empreinte d'une semelle sur une croûte de paysage...

D'où vient donc cette perte du sentiment d'exister, sinon de ce que le genre humain produit pour que se définisse et s'affirme l'inexistence d'un être?