La notion d'intimité est toute relative chez l'écrivain introverti, ou extraverti...

Tout dépend de ce qui, dans l'idée de l'écrivain (ou de l'artiste) entre dans l'espace intime, se définit comme intime, et donc, peut être exprimé...

Toutefois, le rapport entre d'une part, la vie privée et l'intime dans leur réalité même ; et d'autre part la communication et l'expression de l'intime, n'est pas le même selon que l'artiste ou l'écrivain est introverti ou extraverti...

Si ce qui caractérise ce rapport entre l'intime et l'expression de l'intime, est une forme d'exhibitionnisme, alors je pense pour ma part qu'il y a là une forme de “provocation”, je dirais même “d'agressivité larvée” issue d'un “égo” assez marqué... “Montrer à tout prix”, “faire bien voir et sentir”, comme pour “forcer un barrage”, convaincre à tout prix du bien fondé de ce que l'on montre, de ce que l'on expose (parfois crûment et surdimensionné par rapport à la réalité)...

Si ce qui caractérise le rapport entre l'intime et l'expression de l'intime, se présente sous la forme d'un témoignage soutendant un message ou une idée ou une image à transmettre, il n' entre plus alors, d'exhibitionnisme ni de “provocation”... A moins que l'écrivain ou l'artiste soit assez habile (et tortueux) pour dissimuler son égo et donc, abuser ses interlocuteurs...

Ce qui me semble essentiel, c'est à dire absolument nécéssaire, et en même temps très beau, très émouvant (et enrichissant) c'est cette sorte de “symbiose” qui se produit (lorsqu'elle se produit, s'affine, se développe puis évolue dans le temps) entre d'une part l'intimité de la personne qui dit, écrit, exprime, ose exposer... Et d'autre part l'intimité de la personne qui reçoit, écoute, lit, voit ce qui est montré, révélé...

C'est comme si deux (ou plusieurs) intimités d'êtres, pourtant différentes chacune d'elles sous de nombreux aspects, se rencontraient, se touchaient et décidaient ensemble de relier des segments de leur existence, c'est dire de se voir, de se revoir, de communiquer, de partager, d'agir...

Si le lien ne s'établit pas, ou s'il ne s'établit qu'en fonction d'intérêts privés et dominants (souvent de pure conjonture et passagers)... Si la “symbiose” ne se produit pas... Je ne vois pas alors la nécessité pour un écrivain, un artiste, ou plus généralement, pour les êtres que nous sommes chacun de nous... D'exposer son intimité.

Sur le Net, sans doute plus que dans la vie réelle, plus que dans nos relations au quotidien, l'on “zappe” : c'est à dire que si l'on ne sent pas touché, intéréssé directement ( culturellement, émotionnellement, par besoin d'information, par curiosité ou désir de découvrir )... L'on ne répond pas, ne réagit pas, l'on va “voir par ailleurs”... (Ce qui est tout à fait naturel).

Dans la vie réelle, l'on ne peut pas, (à moins d'être un ours quand on rencontre les gens) “zapper” de la sorte : par politesse, respect, minimum de reconnaissance de l'autre (que souvent d'ailleurs on est appelé à voir et revoir) on l'écoute tant soit peu, on lui répond, on ne lui “claque pas la porte au nez”... Et s'il nous “bassine” on va par la suite éviter un contact fréquent, ou raccourcir le rapport de communication à l'essentiel purement utilitaire...

“Zapper”, sur les forums du Net, me semble donc assez naturel... Et n'est pas non plus la preuve d'une indifférence absolue et définitive...

De même que “le train sifflera trois fois” (sans que le voyageur sur le quai réagisse puisque ce n'est pas ce train là qu'il prend)... De même “Tu zapperas trois fois” (et de nombreuses fois)... Jusqu'au jour où se produit le contact... (pour une raison précise et comme “l'ovulation” d'un lien)...

... Or, “l'ovulation” est à la fois un “miracle” et une réalité...