Je crains plus les cons, que les méchants...

En face des méchants si tu bandes comme la corde d'un arc, tout ce que tu as d'intelligence, d'énergie, de détermination et de volonté en toi ; tu peux trouver le moyen de plaquer au sol leurs épaules de fer. Ils sont alors vaincus mais pas écrasés. Et un être, l'un des derniers des salauds ou même un redoutable prédateur, parce qu'il n'est pas écrasé, peut se relever et prendre une posture différente de celle qu'il avait avant... Non pas que sa “mise au tapis” l'ait potentiellement affaibli, ou l'incline comme par miracle, à devenir un gentil ou un “moins méchant” ; mais il prendra sans doute une posture qui fera de lui un interlocuteur désormais plus reconnaissant de l'existence de ces autres qu'il combat... Et dans une certaine mesure il t'emmerdera moins et saura qu'avec toi il faut compter. D'ailleurs, pour être méchant, s'impose un minimum de réflexion (et donc d'intelligence). Il faut en effet dans son esprit, concevoir la manière dont on va préparer un “coup tordu”, tendre un piège, exploiter les points faibles de l'adversaire...

La méchanceté sans réflexion, et donc sans intelligence... N'est ni plus ni moins que de la connerie (ou de la bêtise).

En face des cons c'est un mur devant toi qui se dresse... Un mur sur lequel tu esquintes ton intelligence, ton énergie, ta volonté et ta foi, en pure perte et au risque de te vider du meilleur de toi-même.

Mais grâce au ciel cependant, que les cons soient! Car sans eux, sans leur connerie, sans la gratuité de leur violence et de leur vulgarité, sans la force d'inertie d'un sens commun qui les “plombe”... Il n'y aurait point cet écueil absolu qui est celui de la pire de toutes les difficultés en ce monde : la difficulté relationnelle qui existe avec un certain nombre d'êtres de ce monde...

Et c'est justement cette difficulté, la pire de toutes les difficultés, la plus insurmontable, la plus désespérante ; qui nous force à toujours plus d'intelligence du coeur et de l'esprit.

L'objectif suprême n'est-il pas de parvenir à trouver un passage dans le mur?