Au château des certitudes dans les immenses pièces aux décor baroque, déambulent en un va et vient incessant, des gens d'affaire qui de leur vie durant, n'ont séjourné que dans ce château ou dans son parc attenant entièrement aménagé et aseptisé...

Il n'est sans doute d'autre exil pour tous ces gens d'affaire aussi imbus de certitudes, que celui de ces caves souterraines, sortes d'abris anti-atomiques, laboratoires de nouvelles certitudes héritées des anciennes...

Le château ébranlé, l'or craquelé des décors, les gens d'affaire atterrés, le donjon fissuré, les jardins dévastés et le feu dévorant les ateliers et les chais... Il faudra bien plus encore que la main d'un géant dépossédé en colère, pour broyer ces certitudes insolentes...

... A une certaine échelle, ce qui est dû par une personne, une entreprise, un pays... Ne peut plus être remboursé. Il reste donc, en derniers recours, ce que la personne, ce que l'entreprise, le pays, possède : une maison, des équipements, du matériel, des stocks de marchandises ou de produits, des terres, des bâtiments, ce que contient le terrain ou le sol... Mais ce que la personne, l'entreprise ou le pays endetté possède encore, en état de marche, utilisable, ayant une valeur réelle ; ne peut plus suffire car le montant total de la dette est trop, beaucoup trop important par rapport à ce qu'il y aurait à saisir ou à récupérer par le ou les créanciers...

La personne, l'entreprise ou le pays devient alors INSOLVABLE.

Et que devient-on quand on est insolvable? On est à la rue, sans toit ni abri, sans nourriture, sans aucun moyen de subsistance... Alors c'est une nouvelle "économie" qui se met en place - par la force des choses - c'est à dire une économie de subsistance, une économie de "non droit" ou du "droit du plus débrouillard", une économie de prédation, une économie de "poubelles retournées", de récupération... Et dans une telle économie, il n'y a jamais assez de place pour le plus grand nombre d'êtres, et les êtres meurent en grand nombre... Et les êtres qui meurent en grand nombre sont surtout les enfants, les vieillards, les infirmes, les femmes, les malades, et d'une manière générale tous les êtres qui n'ont pas la capacité à s'adapter ou à s'exister...

... Ce "plus grand nombre" à dire vrai, existait déjà depuis le début des civilisations et des systèmes économiques et sociaux... Mais comme il vivait par ce que le progrès technique et ce que l'évolution de la société pouvait tout de même lui apporter ; comme il vivait en particulier depuis deux générations (les 2 dernières) c'est à dire à crédit... Ce "plus grand nombre" peuplait toute la terre sans "mourir en trop grand nombre"...

... A un tel niveau de dette et d'insolvabilité, l'humanité ne peut que se régénérer après avoir perdu un grand nombre de ses représentants...