Prix et auteurs à la pelle...


      L'univers de l'édition en ligne, de la production d'ouvrages par les auteurs qui n'optent pas ou plus pour l'édition classique par éditeur interposé (éditeur à compte d'édteur ou éditeur à compte d'auteur ou édition libre par imprimeur) est un univers "en voie de développement"...
Et cela suppose toute une recherche, tout un travail, tout un investissement, tant de la part des prestataires de services (en particulier les éditeurs en ligne) que de la part des auteurs eux-mêmes... Et il "en sortira quelque chose" inévitablement et inexorablement.
... Pour ma part, j'ose à présent le dire quoique dans mes réflexions et mes interventions sur les forums je l'avais déjà suggéré à ma façon... L'existence de tous ces prix assez nombreux décernés par des jurys, des comités de lecture ; me laissait bien perplexe... Et peu convaincu quant à la portée réelle. Je trouvais que c'était un peu "surfait", et essentiellement orienté dans le sens du monde auquel nous sommes habitués, c'est à dire dans un sens qui tend plutôt à mettre en valeur une oeuvre ou un auteur qui "passe bien", recueille un certain nombre de suffrages...Même si, il faut quand même être honnête, l'on prend réellement en compte la qualité littéraire de l'oeuvre...
... A dire vrai je n'ai jamais "condamné" ni "fustigé" ni formellement désapprouvé cette pratique du "prix ceci ou cela"... Je ne comprends que trop, et avec une certaine indulgence, ce que peuvent ressentir les gens à partir du moment où ils ont cette aspiration tout à fait "émouvante" (et parfois drôle) à être reconnu, lu, remarqué, commenté...
Simplement, je n'ai jamais au fond de moi, dans mon esprit et dans mon coeur, vraiment adhéré à cette "politique" du "prix ceci ou cela"... Et je suis convaincu (même si je n'ai pas d'idée ou de projet précis à soumettre) qu'il existe des "solutions" (ou d'autres moyens) que les prix ceci ou cela, pour faire connaître un auteur, l'aider dans son parcours littéraire... "L'exister" en somme...
... La seule chose que je déplore (et qui parfois me fait mal) c'est le comportement de certaines personnes dans des situations qui leur sont "très personnellement sensibles"... (Mais le Web et les forums d'expression à ce sujet n'ont pas "inventé la foudre" : les comportements déplorables existaient déjà avant le Web et existent toujours en dehors du Web)...
Il y a deux ans à une certaine époque j'étais présent sur 17 forums : j'en suis revenu! (ou plutôt j'ai laissé dans les forums, de ci delà, "quelques chrysalides" d'une souveraine et éternelle transparence...)

...Et j'en viens à une question qui me paraît essentielle :
L'ensemble de nos lecteurs constitue-t-il un "territoire"? Et nous-mêmes les auteurs, sommes nous en tant que lecteurs des autres, dans le territoire d'un auteur?
Si l'on prend en compte la réalité naturelle de l'existence des courants de sensibilités, d'idées, de préférences, de goûts et d'habitudes de lecture ; il semble bien qu'il y ait effectivement là, par le jeu de ces courants de sensibilité et par les liens qui s'établissent entre eux, des "territoires" qui se forment et se définissent...
Mais je pense aussi que ces "territoires" ne sont pas toujours systématiquement dépendants des courants de sensibilités, et que d'autres liens, étranges, informels, surprenants, voire "illogiques", peuvent se former...
Que ce soit dans le domaine de l'édition classique (telle qu'était l'édition avant le Web et le demeure encore) ou dans le domaine de l'édition en ligne ou de l'auto édition; et cela quelle que soit la "superficie" (ou l'étendue) du "territoire"... Quel auteur peut dire qu'il connaît bien et définit son territoire? Jusqu'en quelles limites?
N'est-il pas essentiel, ou du moins, "assez important", pour un auteur, de bien connaître et de définir son "territoire"?
Et qu'est-ce qu'un "territoire"? Un "fief"? Une aquisition par "héritage" (spirituel, culturel, transmission d'un patrimoine de pensée et de facture)? Une conquête, une occupation, un comptoir, des ports, un delta, la rive d'un fleuve, une congrégation de terres séparées et dispersées? Une colonie? (tout cela bien sûr est "symbolique")...
Si dans le présent même, c'est à dire dans la durée d'une saison, d'une époque, d'un "segment d'existence", voire d'une vie entière ; le "territoire" devient une réalité (même imprécise ou diffuse), il n'en est pas tout à fait de même de ce "territoire", dans une perspective ou dans une dimension de temps n'ayant rien à voir avec la durée de la vie humaine... Car dans cette dimension là, dans cette perspective, il est évident (et naturel) que les "territoires" se délitent, se morcellent, disparaissent, se reforment, se recomposent...
Les "territoires" nous survivent alors que nous mourons, et ils nous survivent peu ou prou, sans jamais cependant "franchir les ères glaciaires", et encore moins les espaces galactiques...
... Ces indicateurs, sortes de "capteurs" fonctionnant selon un certain nombre de paramètres, que la technologie informatique met à notre disposition, et qui permettent de "nous faire une idée" du "territoire" possible, si perfectionnés soient-ils, si bien étudiés et intégrant sans cesse de nouvelles données ; ne sont en réalité que des "béquilles blanches pour mal-voyant" (nous sommes tous des "mal-voyants" dans un spectre comme celui des couleurs ou de la lumière)...
... Enfin, les lecteurs que nous sommes nous mêmes, les auteurs, des autres auteurs... sommes dans le "territoire" de l'auteur que nous lisons. Mais nous y sommes temporairement ou durablement... Témoigner d'avoir été dans ce territoire et d'avoir dit ce qu'était ce territoire tel que nous l'avons traversé, tel qu'il nous est apparu, et dire ce que nous avons éprouvé en le traversant... C'est en quelque sorte contribuer à la définition, à l'existence de ce territoire...
Une oeuvre sans territoire est une oeuvre morte tant qu'elle n'a pas de territoire... Un auteur sans territoire est un voyageur sans domicile d'accueil... Un lecteur qui n'est d'aucun territoire est un lecteur inutile, ou plutôt un promeneur qui cueille des baies le long des haies et les mange puis les digère...