Si un wagonnet roulant sur un rail dans une direction déterminée, pouvait être doté d'un cerveau électronique aussi perfectionné et aussi complexe que le cerveau humain... Peut-être ce wagonnet se mettrait-il à penser : “ce rail m'est nécessaire car sans lui je ne peux rouler. Mais il me mène dans ce tunnel interminable dans lequel je vais passer toute ma vie de wagonnet”.

Alors le wagonnet envisage de quitter le rail afin de ne pas subir l'obscurité certaine du tunnel.

Mais pour quitter le rail et se diriger dans une autre direction, sans doute quelque autre tunnel mais celui là, de lumière peut-être ; il faut que survienne un aiguillage.

S'il n'y a pas d'aiguillage, le wagonnet tout comme d'ailleurs la plupart des wagonnets à cerveau électronique ayant besoin de rouler, se dirige immanquablement vers le tunnel obscur et interminable.

La fonction d'un wagonnet est de rouler : si le wagonnet ne roule pas, il n'existe pas, ne sert à rien.

Des gnomes sortis du tunnel se sont avancés vers le wagonnet et ont dit : “Par moments il y a du bleu lumineux et de jolis petits cu-culs roses et dodus. Ce n'est pas toujours tout noir!”

S'il n'y a pas d'aiguillage, un wagonnet “pas comme les autres” de ci, de là, quitte le rail de fer pour un rail de bois dans un jardin de fleurs ennivrantes ou dans un champ semé de pierres argentées en pente descendante qui, l'un comme l'autre, mènent à un précipice.

... Ne pas rater l'aiguillage s'il se présente, mais ne pas dévier pour un rail de bois traversant un jardin de fleurs ennivrantes ou un champ de pierres argentées avec un trou noir au fond...

[fable simple pour une philosophie de la vie, simple... Et sans valeur littéraire.]