Ce que j'ai à dire...

     “Accouche!” dis-tu? Parce que je ne vais pas assez vite au fait?

Merde! Ce que j'ai à dire je ne le défèque pas comme deux fruits mous éclatés dont la pulpe gicle jusqu'au bord de la cuvette...

Ce que j'ai à dire je le dessine, je le sculpte, je le paysage, je le modèle, je le façonne, je lui mets des ailes, du ciel, de l'eau, des fleurs, des arbres, des oiseaux, de la musique, du visage, de l'atmosphère...

“Accouche!” répètes- tu tel un perroquet arrogant?

“Je t'emmerde!” crie-je dans un silence laminant qui peut durer une vie entière.

“Accouche!” penses-tu sans le dire mais que je perçois?

C'est par la brutalité et la violence d'un silence qui hurle et regarde noir, que je réagis.

Je ne reproche jamais aux êtres durs leur dureté si leur dureté me construit.

Mais je combats ou raye de ma vie les êtres durs dont la dureté me détruit.

Des truies j'en ai vu dont le groin avançait en fourageant dans la boue putride, poursuivant un poussin égaré dans la porcherie. Broyé, le poussin éclatait en mouches de sang ; et le promeneur amusé, accoudé à la barrière d'entrée, poussait du pied un autre poussin dans la boue putride de la porcherie : cela, c'est de la dureté qui détruit, de la dureté que je combats, de mes mots les plus durs qui soient, et si nécessaire, de mes poings ou de tout ce dont je peux me saisir pour frapper... Si je sors de ce silence qui vitrifie.