Une piscine privée représente dans mon esprit (telle qu'en font installer de nombreux propriétaires de maison principale ou secondaire) un symbole : c'est l'un (parmi d'autres dont la corrida avec mise à mort, le sport automobile de compétition et le safari dans la savane Africaine...) de ces symboles caractérisant "cette civilisation de merde" basée sur le profit personnel, une ambition démesurée et disproportionnée, un épouvantable narcissisme, des rêves orgueilleux (pour la réalisation desquels d'ailleurs peu de gens se donnent vraiment les moyens et n'ont pas ces moyens), la poursuite sans limite et stressante de buts matérialistes et égoïstes...
Plus le temps passe, et plus je vois tout ce que je vois autour de moi et dans le monde, et plus je me sens en rupture avec cette "civilisation de merde" d'une consensualité endimanchée, polie, mielleuse, ravageuse, excluante et ségrégative.
Il a des jours où un grand désespoir de gosse m'envahit au milieu de cette fête imbécile et cruelle, de tout ce tapage et de tout ce qui regorge dans les boutiques, les marchés, les grandes surfaces ; dans cette agitation pleine de violences, de trépidances autour de ces putains de dieux scélérats que sont le pognon, la performance, la rentabilité...
Alors je ferais bien comme l'enfant d'un certain petit conte dont je suis l'auteur : presser entre mes doigts le caillou et libérer la terrible et définitive force du "dragorek"...
... Mais je le dis et le redis : ce n'est pas le monde qu'en fait je veux délibérément détruire dans son ensemble (parce qu'il y existe dans ce monde, des êtres bons, humbles et forts qu'il ne faut pas entraîner dans le tourbillon d'une colère absolue et définitive)...
Ce que j'envisage de détruire c'est l'être en moi qui "s'existe pour rien" : uniquement cet être là, cet être dont la disparition ou l'inexistence ne fait aucune peine, ne pose aucun problème à un certain nombre de gens sur Terre...
Car ne plus exister, ne plus m'exister auprès et aux yeux de ces gens là, c'est pour moi une délivrance : enfin je ne les vois plus, enfin leur sourire et leur regard condescendants, leurs paroles acides ou sucrées, leur non réponse, leur indifférence ou leur mépris ou leur coup de bâton ne m'atteignent plus : pour eux je suis mort... Mort, oui, inexistant, mais d'une mort ou d'une inexistence lucide, sereine et délibérée...