Ma marraine Jacqueline, tragiquement décédée dans un accident de voiture sur la RN 10 à l'âge de 41 ans le 20 octobre 1967 ; débutait dans le métier de créatrice de mode et avait son atelier à Bordeaux. Elle confectionnait tout ce qu'elle portait sur elle : lingerie, dessous, écharpes, chapeaux, robes, manteaux, imperméables... L'on peut dire que chacune de ses créations lui « collait à la peau »... et à son âme...

A tel point qu'il n'aurait pas été envisageable qu'une autre femme puisse porter ce qu'elle portait sur elle.

Ma marraine Jacqueline n'était pas « une apparence »... Par ce qu'elle portait sur elle. Elle était une réalité, une authenticité... L'expression même de SA féminité... Et donc, bien plus encore qu'une « définition » de la féminité.

Je n'aime pas la manière dont beaucoup de personnes dans nos villes portent leurs vêtements lorsqu'ils se rendent à un spectacle, à une fête, à une manifestation publique... Ils habillent l'être qu'ils sont, de telle sorte qu'ils sont pris pour l'être qu'il leur sied d'être... Les modes sont ainsi faites, et donc les nombreux modèles qui caractérisent ces modes, pour que la personne qui achète puisse s'identifier à un « mythe »... le mythe du moment, de la saison, qui « colle » à un « film culte », à une chanson, un air mille fois entendu, un personnage connu de l'actualité...

Mais il y a cependant bien autre chose encore, plus diffus, plus « sournois », plus « universel », plus « trivial » dirais-je... Cette propension de tout un chacun à « se faire plus beau que l'on est en réalité »... Ou à niveler ses médiocrités ou ce qu'il y a d'ordinaire en soi.

Ainsi, bien « repassé » par le port du vêtement, le « petit côté sans magie » peut parfois « paraître magique »...

En somme, mes émerveillements ne sont pas aussi fréquents qu'ils pourraient l'être... Mais quant ils sont, alors ils sont absolus, ne se décolorent jamais et me restent en mémoire... Parce qu'ils ne viennent pas d'une apparence mais d'une authenticité, d'une intimité.

Il y a tant de diversité dans les créations vestimentaires, dans les modèles, même si beaucoup sont fabriqués à la chaîne, qu'il est possible à une femme ou à un homme, de choisir « quelque chose qui colle à sa peau et à son âme »... Plutôt que « quelque chose qui colle au dernier film culte, au personnage célèbre du moment ou à la petite magie que l'on s'invente pour repasser l'ordinaire »...