St Paul de Vence, un lieu privilégié du pays Niçois où se réunirent peintres,sculpteurs,cinéastes, écrivains,comédiens et acteurs...

Devant la maison de la presse tout près du café de la place et du vaste boulodrome en terre battue, l'on peut feuilleter un grand album de photos en noir et blanc « Paul,Jacques,Yves et les autres », de Jacques Gomot. L'on reconnaît en tournant les pages, Jean Paul Belmondo,Jacques Brel,Yves Montand,Simone Signoret,Serge Reggiani,Jacques Prévert entre autres...

Aujourd'hui ici comme ailleurs, des cars venus de toute l'Europe déversent des centaines de touristes que l'on voit déambuler dans les rues étroites de la cité entourée de remparts...

Les touristes de passage ne se nourrissent pour la plupart d'entre eux, que de sandwiches, n'achètent que des cartes postales ou de petits souvenirs « bon marché »...

Visiblement les boutiquiers n'attendent ici que le visiteur riche et « un peu piqué » d'Amérique, de Russie ou d'Asie, qui achètera quelque pièce rare, sculpture,tableau...

Et je me dis en apercevant tous ces tableaux, toutes ces sculptures,

toutes ces compositions pour la plupart d'art nouveau ; que le temps des « géants » du 20ème siècle, du cinéma, de la peinture, de la sculpture, de la littérature, qui ont marqué leur époque et fréquenté ce lieu dans une atmosphère de convivialité,d'intimité ;

est bien révolu... Et qu'explose désormais une mouvance dans laquelle tout devient imaginable, réalisable, concevable,vendable...

Dans cette mouvance infinie et sans cesse en évolution – mais qui aussi se renouvelle, se répète – je me dis qu'il n'y a plus que cela...

Comme dans une impasse au fond de laquelle on ne ferait qu'arranger des cailloux épars en toutes sortes de réalisations étranges ou abstraites dont le sens nous échappe parce que la vie intérieure de l'artiste s'est immergée dans la mouvance...

St Paul de Vence c'est cela aujourd'hui : une impasse d'extrême et infinie mouvance, avec tout de même un peu, le souvenir des « géants ».

J'ai un peu « mal aux ailes » dans cette infinie mouvance de notre époque où l'on ne retrouve plus l'atmosphère d'antan, cette atmosphère dont on peut garder la nostalgie et qui de nos jours, n'est plus perçue comme étant naturelle... Intemporelle à dire vrai.

Ainsi en est-il je crois bien, de tant de ces lieux privilégiés aujourd'hui colonisés par la mondialisation, la marchandisation, la vulgarité, la banalisation et la médiocrité ambiantes constellées de tous les éclats d'une infinie et extrême mouvance sans avenir.

L'impasse que j'évoque serait une sorte de kaléidoscope à l'intérieur duquel tout peut être vu selon les formes et les couleurs les plus infinies dans leur diversité. Et ce qui me fait « mal aux ailes », outre cette profusion d'éclats et de fulgurances ; c'est la réalité du kaléidoscope lui même : aussi réel qu'une impasse, le kaléidoscope ne présente pas de « fenêtre » de sortie...