L'OLIVE

    Dans un tout autre genre j’avais aussi un copain qui s’appelait Oudjaoudi, un peu « collant » à mon goût, mielleux et préparant toujours de mauvais coups en douce…
Un jour en « Perm » où nous étions entassés à plus de quarante élèves assis et serrés comme des sardines sur de longs bancs en face d’aussi longs pupitres vrillés de coups de canif, couverts d’inscriptions obscènes noircies à l’encre ; tout au fond de la salle au dernier rang adossé à un mur lépreux, Oudjaoudi se trouvait placé à côté de moi et me serrait de fort près…
Il me chuchota « je vais te mettre une olive! »
Naïf, je cherchai donc l’olive et ne la trouvai point. Sans doute Oudjaoudi la tenait-il entre ses doigts, cette olive!
C’est alors que je sentis sa main puis son avant bras glisser par derrière le long de mon dos jusqu’à la ceinture de ma culotte. Et cette main telle une grosse tête de serpent s’enfonça entre mes fesses et vlan! Oudjaoudi me planta un doigt dans le trou de bale!
Saisi d’horreur et de dégoût, je prends mon compas, vise son autre main posée sur le pupitre et la pointe du compas pique violemment le bois du pupitre tout juste entre deux doigts de la main d’Oudjaoudi…
Le pion, un type sévère au visage grêlé et au regard noir, à ce raffut s’écria  « Alors Sembic, c’est pas fini ce bordel? Vous me ferez deux heures! »
Je ne digérai ni l’olive ni les deux heures de colle… Il me fallait à tout prix le coincer, cet Oudjaoudi!
A treize ans j’étais assez costaud pour mon âge et ne connaissais pas ma force… Je résolus d’attirer Oudjaoudi dans un guet-apens. Quelques semaines après cette « affaire » Oudjaoudi me proposa de l’accompagner jusqu’à chez lui afin de me montrer des photos et des bouquins porno. En descendant du car j’avisai un terrain vague en bordure de la route. J’avais caché dans ma poche de culotte un bout de bois d’une quinzaine de centimètres de long, bien rond, bien noueux et assez gros, d’environ quatre bons centimètres de diamètre… Alors je poussai avec violence Oudjaoudi dans le terrain vague où il tomba à la renverse derrière un talus au beau milieu de broussailles, d’épines et de ronces en lesquelles il s’empêtra. Je le bourrai de coups de poings, lui assenai un coup de genou dans les « parties », le forçai à se déculotter, l’immobilisai à plat ventre et lui enfonçai le morceau de bois dans l’orifice anal… « ça, c’est autant pour l’olive que pour les deux heures de colle ! Maintenant tu me fous la paix, tu me colles plus au cul! » dis-je…
Et je l’abandonnai dans les ronces, je partis en courant, vengé et heureux de cette correction infligée à ce « salaud d’Oudjaoudi »…  
En toute confidence je dois dire que cette histoire par la suite et durant pas mal d’années m’avait quelque peu traumatisé et que l’acte de sodomie me parut « barbare », indécent, indélicat… et à proscrire dans la relation humaine tant je sentais que « c’était pas du tout romantique », grossier, vulgaire et uniquement axé sur une « jouissance de tripes totalement désaccordée à l’émotion du cœur et de l’esprit »…
D’ailleurs, confidence pour confidence… Un jour j’ai essayé de m’enfoncer (pour voir ce que ça faisait par rapport à ce que j’entendais dire) le bout d’un manche à balai dans le trou de bale… Oh, putain, j’ai senti qu’un déchirement désagréable! Et pas du tout ce « chatouillement branleur » qu’on disait! Et je me suis dit « mais qu’est-ce qu’ils y trouvent, les mecs? »…