Le but à atteindre nous paraît souvent plus important que le chemin à parcourir.
Ainsi recherchons nous tout au long du chemin, les moyens de parvenir au but. Et nous les trouvons ces moyens, de manière aléatoire, opportuniste ou calculée…
Mais le chemin n’est-il pas plus important que le but? Le chemin ne serait-il pas lui-même le but… Sans but personnel défini?
Le chemin c’est celui que l’on partage avec les gens qui, en face, derrière ou de côté, cheminent aussi avec nous.
En somme dans ce « chemin de vie » qui est celui que nous suivons, nous portons sur notre visage et dans notre esprit ce « quelque chose à remettre quelque part en souvenir de… » ou bien à une ou des personnes en particulier que l’on ne connaît pas forcément… De la même manière que ces pèlerins de Compostelle marchant sur le « Cami.no » et portant dans leur sac un objet, une photographie, une lettre à remettre en un lieu précis à une personne qui leur a été désignée…
Notre vie même si elle est « riche » relationnellement, emplie de succès et de ce qui nous conforte, est en réalité « toute petiote ».
Cette vision que l’on a du monde et des gens, tout ce qui nous concerne personnellement, tout ce à quoi nous aspirons, tout ce qui est de notre Ego… Tout cela n’a plus vraiment tout à fait le même sens, devient dérisoire et parfois indécent lorsque les gens que l’on aime beaucoup sont affligés ou malades…
Le chemin tel qu’il se présente à l’état brut, avec toutes ces personnes en face, derrière ou de côté, porte par chacune de ces personnes autant que par nous-mêmes, toute sa charge, toute sa vie, toutes ses beautés, toutes ses richesses, toutes ses misères, toutes ses singularités, toutes ses croix, tous ses messages, tout ce qui n’est jamais dit, tout ce qui est rêvé, tout ce qui est seul, tout ce qui ne se voit pas… Alors ce que l’on peut penser de l’une ou de l’autre de ces personnes, de ces visages connus ou inconnus sur le chemin ; tous ces différents que nous avons eus avec des gens, tout ce qui nous a séparés parce que nos aspirations étaient opposées ou inconciliables ; tout ce qui a pu se passer et qui nous a blessé, contrarié, obligé, entraîné… Tout cela n’a plus vraiment d’importance, n’est plus « d’actualité » lorsque les gens qui « ne sont pas de notre cosmos », nous sont indifférents ou nous paraissent « ceci ou cela »… Sont affligés ou malades… Tout comme les gens que nous aimons beaucoup mais là c’est dans le « sens du monde »…  
Dans la souffrance et dans la solitude venue de la souffrance, je crois que l’être humain redevient comme un tout petit enfant qui a peur et qui a du chagrin.  
Dans ce but à atteindre qui serait le chemin lui-même - et non plus avec autant d’insistance ou parfois de déraison ce but que l’on poursuit personnellement - il y aurait alors une finalité : ce qui de près ou de loin nous relie à ces êtres qui cheminent en face, derrière ou de côté. Et dans une telle finalité si je puis dire, prend forme le but que l’on poursuit, par ce que le lien peut produire et dont on peut bénéficier…