Entre un monde, un univers, un environnement… Appelez cela comme vous voulez… Où l’on n’est pas reconnu, et un monde où l’on est reconnu… y’a pas photo!
Par notre cœur, notre esprit, nos affinités, nous inclinons naturellement du côté où l’on se sent reconnu…
Il existe bien au demeurant dans notre environnement social, celui de notre famille, de nos voisins, de nos connaissances, des gens que nous fréquentons ; dans cette vie « ordinaire » que nous vivons au quotidien… Des personnes fort sympathiques certes, avec lesquelles nous entretenons de bonnes relations… Mais il n’en demeure pas moins que ces personnes là ne nous reconnaissent pas vraiment. C’est-à-dire qu’elles ne reconnaissent pas ce qui anime notre vie entière.
Ainsi, l’artiste, l’écrivain, le comédien, le « saltimbanque », le poète, le musicien, le chanteur et d’une manière générale le créateur sont-ils dans le pays, la ville, la famille où ils vivent, ces êtres dont ne connaît guère - ou très peu - les œuvres, les réalisations… On ne les a pas vus jouer, on ne les a pas entendus chanter, on ne les a pas lus, l’on ne sait que très vaguement, ce qu’ils font : écrire, peindre… Et l’on ne les voit que le jour de la sortie pédestre, sportive, cycliste, ou de toute autre activité… De la semaine ou du mois.
Et l’artiste, l’écrivain, le comédien, le poète ; lorsqu’il rencontre des gens de « son monde » qui de surcroît sont accueillants envers lui, va forcément « trouver une différence » entre ce monde là et « l’autre monde »…  
Je crois que l’on ne peut passer sa vie ou des années durant, à « s’exister » soi même, c’est-à-dire à sans cesse « mettre en avant » ce qui anime notre vie… A se battre contre cette indifférence des uns et des autres, cette absence de vraie reconnaissance. Il est des moments pour cela, dans notre vie, des moments pour, effectivement, « s’exister », montrer ce que l’on fait … Quand on « sort un livre », quand on se « produit » sur une scène ou dans un café concert par exemple… Mais c’est comme « un feu de paille qui brûle »… Après, « tout redevient comme d’ordinaire »…
Alors vient un temps ou un moment dans notre vie où, sans cependant « baisser la tête » on n’a tout simplement « plus envie de rien dire », plus envie de « s’exister » : c’est une sorte « d’épuisement » qui vient, une sorte de « fatigue »… où il entre du désenchantement, où les émerveillements semblent se décolorer…
Je ne pense pas que « ce qui est ressenti au plus profond de soi » dans toutes ces situations relationnelles vécues en « ce monde où l’on ne se sent pas reconnu »… puisse vraiment évoluer : le ressenti est le ressenti, dans toute sa réalité, dans toute son acuité, point barre!
Par contre… et là demeure, réside toute mon espérance si je puis dire… Ce qui peut réellement évoluer, c’est le REGARD que l’on porte… Sur les situations vécues elles mêmes, mais aussi sur son propre ressenti… Et le REGARD, croyez moi, ça aide!