Céline dit :
« …L’écriture est la source de mes emmerdes. Depuis le Voyage… que les emmerdes s’accumulent, mesquineries, jalousies, embrouilles… Alors ne venez pas me causer de thérapie et de guérison de la nature humaine par l’écriture, je laisse ça aux autres, les spécialistes de la mou mouche.. C’est malsain l’écriture quand tu ne fais pas partie de la confrérie, ça active les haines »…

    Effectivement lorsque l’écriture est atypique, singulière et surtout qu’elle dérange, surprend voire indispose… le lecteur et le critique, alors elle ne peut être une thérapie… Elle rend même malade, provoque et attise la violence, l’intolérance… Ce qui bien sûr « ne fait pas de bien ». Comment retrouver une certaine sérénité lorsque s’insinue dans l’esprit mesquinerie et jalousie?
Jalousie et mesquinerie parce que dans le cas de Céline en particulier… Et en général pour tout auteur dont l’écriture est tout de même une « œuvre d’art » et que consciemment ou non l’on s’en rend compte ; l’on en est d’autant plus dérangé ou surpris… Et sans doute jaloux de « ne pouvoir faire de même »…
Si, comme on le voit le plus souvent, l’écriture d’un auteur dans un monde peuplé d’auteurs est aussi une écriture dérangeante et surprenante mais n’ayant pas un grand impact auprès du public ; alors cette écriture (qui n’est pas elle non plus, une thérapie pour les lecteurs) ne suscitera qu’indifférence et oubli… Et si elle a quand même un effet thérapeutique, ce ne peut être que pour l’auteur lui-même…
Je dirais pour ma part que, si un romancier, un conteur ou un poète envisage que l’écriture puisse avoir un effet thérapeutique, alors il vaut mieux qu’il « verse » dans la « littérature de gare » ou dans le roman de terroir « bien émouvant, bien mélodramatique, bien limpide et d’une langue savoureuse »… Quoique je doute fort que cela résolve les vrais problèmes personnels des gens…
Et c’est malsain, oui, l’écriture… quand tu ne fais pas partie de la confrérie, c’est-à-dire quand tu n’as pas derrière toi ou avec toi, d’autres « locomotives » de ces genres  d’écritures qui « décoiffent » et essayent d’expliquer aux lecteurs, aux braves gens ; que TON écriture a peut-être de l’avenir…
Sans la « confrérie », ce sont les haines, l’exclusion, le rejet, qui viennent presque inévitablement… du moins pour ces auteurs « hors normes »
Pour conclure je dis que cette « confrérie » si elle doit exister et si tu peux en être… Il faut qu’elle en soit vraiment une… Vraiment une. Sinon, il vaut encore mieux « crever tout seul dans son trou en étant sûr et fou de ses rêves »…