Moi, chauve souris au pays des souris, où j’ai montré mes dents pour « prouver » que j’étais une souris…
Merde ! J’y volerais bien comme un oiseau quand les souris dorment !
 Et au pays des oiseaux où j’ai montré mes ailes pour « prouver » que j’étais un oiseau…
J’y grignoterais bien du fromage lorsque la nuit venue, dorment les oiseaux dans les arbres.
Mais seulement voilà…
 Au pays des souris où dansent tout le jour (et même la nuit) les souris au pied des buffets et dans les allées des jardins, je m’y ennuie d’attendre que les souris s’endorment, d’autant plus qu’elles ne s’endorment jamais toutes en même temps, de jour ou de nuit…
Je pourrais cependant, au pays des souris où je ne puis franchement voler comme un oiseau, laisser entendre à des souris peu futées, que je suis une souris volante… Mais il faudrait que les souris peu futées, m’ayant aperçu volant, ne disent jamais aux souris rusées que j’étais au vrai une « drôle de souris »…
 Et, au pays des oiseaux, comment y vivre une vie de chauve souris, qui n’est ni une vie de souris, ni une vie d’oiseau ?
 Ils ont des becs, les oiseaux. Certes, avec un bec on peut aussi piqueter du fromage. Mais je ne puis tout de même laisser entendre à l’oiseau qui becte le fromage, lui et moi juchés sur un Emmenthal, que je suis un « drôle d’oiseau » avec des ailes et pas de bec…
Si l’oiseau est peu futé, il me croira peut-être. Et s’il est rusé, il me dira « montre moi tes serres et fais la roue »…
Chauve souris, mon pays c’est celui où je vis la tête en bas en dormant et les ailes déployées les soirs d’été au dessus des allées des jardins.
Et, dans le pays des souris comme dans le pays des oiseaux, l’on n’y peut vivre, chauve souris, ni en souris ni en oiseau…