Etre du monde c’est comme être de la citadelle où l’on demeure, se déplacer dans les rues de la citadelle, suivre les indications affichées sur les panneaux, se sentir citoyen de la citadelle, être « bien dans sa peau » à l’intérieur de ses murs…
 Mais l’on peut être dans le monde, dans les murs de la citadelle, sans cependant être du monde ou de la citadelle…
De ceux qui ne sont pas de la citadelle, il y en a qui vivent à l’intérieur de ses murs mais ne lisent pas les panneaux et n’élisent aucun parti…
Il y en a qui vivent aux pied des murs extérieurs, sur les terrains aux alentours ; soit parce qu’ils ont été exclus de la communauté, soit parce qu’ils ont souhaité quitter la citadelle alors qu’ils n’avaient pas la possibilité de s’en éloigner vraiment…
D’autres ont établi des campements, à quelque distance de la citadelle : ceux là s’apprêtent sans doute à construire une autre citadelle…
 Et il y a enfin, très loin de la citadelle, ceux qui marchent, sont sur toutes les routes et ne sont d’aucune citadelle… De ceux là, de ceux qui marchaient et bivouaquaient, j’en ai rencontré qui me disaient : « La citadelle est située vers le Grand Sud… » Ou : « C’est vers le Nord qu’il faut la chercher »… Ou encore : « La citadelle est de l’autre côté de cette montagne là »… Et je leur répondais à tous ces gens, que je ne cherchais pas la citadelle, mais des visages…