C’était un petit chat tigré, couché sur le dos au milieu d’un grand lit.
Ce petit chat avait un ventre dur et enflé comme un ballon, avec une longue plaie ouverte et suintante. Tout le milieu du lit depuis le traversin, était imprégné d’un liquide visqueux et graisseux qui traversait le matelas et coulait goutte à goutte sur le plancher.
 Depuis plusieurs jours le petit chat allongé suait en abondance de sa plaie abdominale et son ventre continuait d’enfler.
 Un homme entra dans la chambre tenant à sa main une grosse serviette de cuir… Cet homme était le gérant d’un magasin de tondeuses et de tracteurs de jardin, et faisait office de vétérinaire voire de médecin…
Le petit chat en fait, était comme un enfant malade. L’homme s’approcha du petit chat, palpa son ventre, sortit de sa serviette un petit canif dont il passa la lame à la flamme d’un briquet. Il écarta les lèvres tuméfiées de la plaie, agrandissant ainsi l’ouverture et appuya très fort avec ses poings refermés sur le ventre du petit chat. Une matière incolore, gluante, chargée de débris noirs et de morceaux d’organes en décomposition, s’échappa en abondance de la plaie largement ouverte. Une femme qui se tenait là, près de l’homme, avait tendu une cuvette qui fut très vite remplie. Et par l’ouverture démesurément élargie de la plaie, l’on pouvait voir tout l’intérieur du petit chat : les intestins, le foie, les reins, la cage thoracique…
Tout cela paraissait illuminé comme dans une grotte éclairée de puissants projecteurs. Le petit chat n’était pas mort… Il fixait les personnes présentes de part et d’autre du lit, bien étrangement, d’un regard étonné d’enfant malade, et ne gémissait pas… Il demeurait allongé au milieu du lit, avec ses petites pattes recourbées et dressées, au poil huileux… Le ventre était maintenant dégonflé.
L’homme repartit, ainsi que la femme qui avait tendu la cuvette et toutes les autres personnes venues là, on ne savait pourquoi…
 L’on n’a jamais su s’il mourut, s’il guérit ni ce qu’il devint, le petit chat…