Le regard de l'enfant dans la tragédie qui se noue
Par yugcib le dimanche, novembre 4 2007, 08:48 - Chroniques Yugcibiennes - Lien permanent
L'innocence avec ses yeux tout ronds devant la tragédie qui se noue, c'est bien le privilège de l'enfance...
Le premier "vrai chagrin" est déjà un chagrin de grande personne. On se lève toujours trop tôt pour apprendre la méchanceté des hommes.
Et tous ces coups de bâton dans les reins arrachent le même cri mille fois répété : "Pourquoi?"
Quand on cesse de se demander pourquoi, c'est peut-être parce que l'on fait partie de ceux qui donnent les coups de bâton...
[Juin 1983, premiers carnets, Yugcib]
L'innocence, dans un certain sens "assez profond" pour moi, serait donc un "privilège" et une force...
Une sorte de "Connaissance" dans ce qui, dans le monde de l'enfance, ne peut être qualifié de "Connaissance" au sens où nous entendons la Connaissance en tant qu'adultes...
Et cette innocence là, il ne faut pas y toucher, il faut la protéger, il ne faut en aucun cas la souiller, la dénaturer, la piétiner, lui faire subir les outrages de l'orgueil, de l'égoïsme et de la dureté des hommes...
Et il faut aussi avoir la possibilité d'entrer en communication avec cette innocence là, de dialoguer avec elle, de l'accompagner tout au long des chemins de la connaissance qu'elle porte en elle...
Mais la plupart du temps nous ne savons pas, et nous en revenons sans cesse à cette connaissance que tout le monde découvre, du monde, des gens et de ce qu'il faut savoir (ou ne pas savoir)...
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Commentaires
C'est plus fort que moi, j'aime cette phrase : "cette innocence là, il ne faut pas y toucher, il faut la protéger, il ne faut en aucun cas la souiller, la dénaturer, la piétiner, lui faire subir les outrages de l'orgueil, de l'égoïsme et de la dureté des hommes"...
C'est beau ce que tu décris là Guy et tellement... vrai
J'aimerai citer un apostrophe de Janusz Korczazk de son livre : "Le droit de l'enfant au respect".
..."vous dites : C'est fatiguant de fréquenter les enfants, parce qu'il faut se baisser, se courber, s'incliner, se faire petit. Vous avez tort, ce n'est pas cela qui fatigue le plus, c'est plutôt le fait d'être obligé de s'étirer, de s'allonger, de se mettre sur la pointe des pieds jusqu'à la hauteur de leurs sentiments pour ne pas les blesser"...
J'ai souvent remarqué que les "grandes personnes" (peut être un peu moins les adolescents, les jeunes femmes et jeunes hommes)... prennent de toutes petites voix, font des tas de "guiliguili", ou toutes sortes de mimiques, se penchent démesurément et de manière ostentatoire, lorsqu'ils communiquent avec les bébés et les très jeunes enfants...
Comme si ces êtres n'étaient pas encore de "vrais êtres" mais plutôt des "jouets animés de vie"... Il ne m'est jamais venu à l'esprit, à aucun moment de ma vie, que les bébés et les très jeunes enfants pouvaient être des "jouets animés de vie"... Et c'est bien là qu'on les reconnait, les adultes : dans cette propension qu'ils ont, la plupart d'entre eux, à se pencher, "guiliguiliser", prononcer des mots "à la bébé", et "faire joujou"... Quand j'étais très petit, ma maman et encore moins mon papa, ne m'ont jamais "gratouné" de toutes ces "singeries"... Et pourtant... Ils ont été pour moi d'une affection sans gestes ni mots inutiles, et je me suis senti, entre eux deux, même dans les situations les plus dramatiques que j'ai pu hélas connaître, même lorsqu'ils furent par moments étrangers l'un de l'autre... Un "vrai petit d'Homme", leur fils, le fils de ces gens là, le fils de ma mère et le fils de mon père, tout droit sorti de leur coeur et de leur esprit, et de leur sang...