L'innocence avec ses yeux tout ronds devant la tragédie qui se noue, c'est bien le privilège de l'enfance...
Le premier "vrai chagrin" est déjà un chagrin de grande personne. On se lève toujours trop tôt pour apprendre la méchanceté des hommes.
Et tous ces coups de bâton dans les reins arrachent le même cri mille fois répété : "Pourquoi?"
Quand on cesse de se demander pourquoi, c'est peut-être parce que l'on fait partie de ceux qui donnent les coups de bâton...
                                                                          [Juin 1983, premiers carnets, Yugcib]

     L'innocence, dans un certain sens "assez profond" pour moi, serait donc un "privilège" et une force...
Une sorte de "Connaissance" dans ce qui, dans le monde de l'enfance, ne peut être qualifié de "Connaissance" au sens où nous entendons la Connaissance en tant qu'adultes...
Et cette innocence là, il ne faut pas y toucher, il faut la protéger, il ne faut en aucun cas la souiller, la dénaturer, la piétiner, lui faire subir les outrages de l'orgueil, de l'égoïsme et de la dureté des hommes...
Et il faut aussi avoir la possibilité d'entrer en communication avec cette innocence là, de dialoguer avec elle, de l'accompagner tout au long des chemins de la connaissance qu'elle porte en elle...
Mais la plupart du temps nous ne savons pas, et nous en revenons sans cesse à cette connaissance que tout le monde découvre, du monde, des gens et de ce qu'il faut savoir (ou ne pas savoir)...