LA QUALITE SANS ELITISME

Ce serait donc, sur Alexandrie et sur certains forums littéraires, la qualité sans élitisme, que nous devrions privilégier. Qualité dans l’expression, dans l’esprit qui nous anime, dans la relation qui nous rapproche…

Se retrouver entre nous et avec ceux qui nous rejoignent, en un tel état d’esprit sur une « longueur d’onde » si propice à l’existence d’un courant d’empathie ; me semble cependant tout à fait exceptionnel, en particulier dans le monde du Web où, en dépit de toutes les chartes, l’on prend la liberté de tout dire et où règne presque d’une manière endémique violence, brutalité, vulgarité, intolérance… Et en général, dans « le monde tout court »…

Ainsi cette forme d’élitisme qui, dans le sens que lui donne le monde, rapproche, isole, différencie -tout en les opposant -un certain nombre d’intellectuels ou « esprits éclairés » dans une « sphère » privilégiée bardée de boucliers de protection…prend ici entre nous, un tout autre sens : celui d’une forme d’élitisme (mais ce n’est plus de l’élitisme) qui tend, par sa générosité et ses aspirations, à « élire » en un monde ouvert et accueillant, le plus grand nombre possible de personnes et à partager, puis transmettre ce pouvoir de l’esprit et du cœur.

Nous ne sommes pas à mon sens, propriétaires de ce « meilleur de nous-mêmes » qui nous vient en fait de « quelque chose de bien plus grand que notre vie ». Nous ne sommes, je crois, que les « dépositaires » de ce « meilleur »… Et, « dépositaires », nous devons alors partager et transmettre. Certains êtres ont un pouvoir, une autorité naturelle, un charisme, qui peut leur venir de leur talent, de leur énergie, de la faculté qu’ils ont de communiquer avec leurs semblables, et qu’ils seraient humainement tentés de conserver et de léguer à des seuls « élus »… Si, au départ, à un certain moment très particulier de l’expérience que nous traversons, alors même que tout semble désespéré et vain, que s’effacent les repères, que se généralise la violence, la vulgarité, l’intolérance et l’indifférence, la dictature de l’argent et des apparences ; il arrive que des gens prennent d’autres gens par la main et disent : « on y va tous ensemble, on va changer tout ça »… Il faut, qu’après l’élan et l’entraînement, les meneurs partagent, transmettent et démultiplient ce pouvoir qu’ils ont et dont ils ne sont pas « propriétaires » mais seulement « dépositaires »… Tout pouvoir conservé perd son pouvoir. L’histoire se répète, le monde ne change pas, parce que les gens qui ont le pouvoir gardent le pouvoir.

Il est un pouvoir qui en est vraiment un lorsque celui qui l’exerce ne baisse pas les yeux et ne se laisse pas piétiner : c’est celui de la gentillesse qui ne désarme pas, même en face de la brutalité. La gentillesse est dans le pouvoir de l’esprit et le pouvoir de l’esprit est plus fort que l’expression de la violence…. Quoi que la violence, en certaines situations tout à fait particulières, puisse être « concevable »…

La qualité sans élitisme, et, cette gentillesse souveraine mais se s’abaissant jamais, avec cet esprit d’ouverture et d’accueil… Et parfois, lorsque c’est nécessaire, oser « voir grand » et ne jamais se compromettre ou laisser passer ce qui n’est pas acceptable, assurément, c’est un magnifique objectif… Dans ces temps « incertains » que nous vivons par moments si mal…