Je suis né être humain l’année de la sortie de la 4 chevaux. J’aurais pu naître minou, toutou, dada ou limaçon à n’importe quelle époque de la vie sur cette planète…

Si je serais né dada du temps de Napoléon, j’aurais peut-être crevé sur un champ de bataille à Essling en Autriche ou à Borodino en Russie. Un grenadier amputé de ses deux guiboles se serait traîné sur ses moignons déchiquetés jusqu’à moi, m’aurait éventré d’un coup de baïonnette, et pendant qu’il aurait touillé dans mon bide pour arracher le foie et le cœur, j’aurais dans un ultime sursaut d’agonie, relevé la tête sans même hennir de douleur… D’autres soldats à la gueule à moitié emportée par les boulets auraient rempli de mon sang encore chaud, quelques seaux pour le boire parce qu’il n’y avait plus de soupe et qu’il faisait moins trente…

Quoi qu’il en soit… Ou qu’il aurait pu être… Ou ne jamais être, sur les pentes calcinées d’un Golgotha, au fond d’un cratère de Mars ou d’un ravin d’un satellite de Saturne, pour autant qu’il existerait un putain de paradis selon l’idée ou l’imagination des hommes, des humanuscules, des aliens – curés ou des anges exterminateurs de liberté, la réalité c’est bien ce con d’enfer qu’on nomme la vie et dans lequel on nous convie à coup de pubs et d’images – suppositoires, à cet « ailleurs » hypothétique où paraît-il, c’est mieux.

Mon cul, le paradis des hommes, des humanuscules ou des pigeons – dragons ! Moi, c’est au paradis des minous que je veux aller !

Je ne pense pas que les humains iront au paradis des dadas, sauf peut-être les gens des centres équestres du temps où il n’y avait plus de diligences à tirer ni de canons à traîner sur les champs de bataille…

Mais putain, comment je vais faire, moi, au paradis des minous, pour revoir certains visages humains ? Je crois que je vais demander au PDG des minous, en une audience spéciale, que les portiers – félins prévoient dans la clôture de séparation entre les deux paradis, une petite ouverture. Ainsi pourrais-je me pelotonner sur les genoux de mes « piqûres d’héroïne » à l’occasion.

Je jure que je ne ronronnerai pas trop fort ni trop longtemps et que, très vite, je rejoindrai ma résidence principale, avec Fripouille, Minette, Grosse Bulle, Sirius et Matoune…

Enfin, pour terminer ce petit laïus sans titre, voici une historiette :

Supposons que Madame Oooo, de Llll, au lieu d’être née comme moi l’année de la 4 chevaux, ait vécu au temps où Van Gogh peignait à Arles. Et qu’elle ait connu Van Gogh.

Au lieu d’être prof de , elle aurait été prof de dessin. Elle aurait dit à Van Gogh, artiste méconnu à l’époque, que sa peinture était géniale… Il y aurait eu entre Van Gogh et Madame Oooo (allez, on va l’appeler Raimuse) une correspondance.

Comme les dessins de Raimuse, par leur contenu et leur atmosphère semblaient autoriser Van Gogh à quelques confidences non-conformistes et trop « du fond de ses tripes », il arriva que les deux dernières lettres de Van Gogh furent sans réponse… Enfin, de guerre lasse, Raimuse aurait signifié en un ultime message à Van Gogh « qu’il aille voir un psy et suive une thérapie »…

Il est vrai que Van Gogh a fini dans un asile. Aujourd’hui, ses toiles se vendent la peau du cul à l’infini, mais ça lui fait une belle jambe ! janvier 2005