Patriotisme, identité nationale et immigration

Le débat actuel, sur ces thèmes de patriotisme, d’identité nationale et d’immigration durant la campagne pour l’élection du président de la république, me « chauffe un peu les oreilles »…

Le patriotisme et l’identité nationale sont des notions qui me semblent un peu dépassées, dans un contexte de mondialisation sociale et culturelle. Je m’interroge sur le regard que les peuples d’Europe et du monde portent sur la manière dont nous cherchons, nous les Français, à promouvoir notre culture, notre identité, notre position dans le rang des différents pays de la planète…

D’autre part, notre pays est-il réellement menacé d’invasion, d’occupation étrangère, de destructions massives, et avons-nous besoin de « sauver la mère patrie » en face d’un danger imminent ? Si tel devait être le cas, je pense que notre pays ne serait pas le seul menacé et qu’il faudrait en quelque sorte « élargir » ou reformuler cette notion de « patriotisme »…

N’oublions pas que des milliards de gens sur notre planète, non seulement ne parlent pas Français mais sans doute ne le parleront jamais de leur vie. Et que dans ces milliards de gens, il en est un certain nombre qui font dans leur vie de très belles et de très grandes choses, vivent et communiquent fort bien entre eux, sans avoir aucunement besoin de ce que nous pouvons leur apporter.

Nos dizaines de millions de livres, nos milliers d’écrivains, le nombre vertigineux de blogs et de sites en langue Française sur le Web, ne sont que du « pipi de chat », dans cet incommensurable univers intellectuel, culturel, relationnel, qui est celui de la Terre entière !

L’immigration est une réalité historique. Depuis des temps immémoriaux, en fait depuis l’apparition des premières civilisations et sociétés, des flots humains allant de quelques groupes à des populations entières, se sont déplacés d’une région à l’autre, d’un pays vers un autre pays, ou même entre des continents en traversant mers et océans… Et cela par nécessité, pour assurer leur existence, survivre parfois…

Ce ne sont ni les murs, ni les clôtures, ne les « barrages filtrants », ni les lois, ni les dispositions prises dans les différents pays qui vont empêcher ou réduire les flux migratoires : il s’agit bien là d’un mouvement naturel et perpétuel, entièrement dépendant de conditions géographiques, environnementales, sociales et économiques telles que des changements climatiques, des catastrophes naturelles, la disparition ou la raréfaction de ressources du sol, les guerres, les épidémies, les famines, la misère et la pauvreté.

L’Histoire tout entière sur toute la Terre est faite de ces mélanges de peuples d’origines diverses ; de peuples qui, durant des siècles ou des millénaires parfois, sont demeurés éloignés les uns des autres avant de se rencontrer, puis se sont trouvés devant la nécessité de cohabiter ensemble. Il y eut toutes sortes de conflits, des acclimatations difficiles, de graves crises sociales, assez souvent … Mais c’est ainsi que les générations d’humains traversent l’Histoire et que poussent les peuples sur la Terre, comme tout ce qui vit, plantes et animaux.

Les gens qui se déplacent et s’installent en autre lieu, les peuples qui migrent, qui fuient, qui transitent… C’est comme les nuages qui se font et se défont dans le ciel, c’est comme le vent, le soleil, la pluie, le froid, le chaud, l’été, l’hiver, le flux et le reflux des marées, la nuit, le jour… C’est ainsi que l’on vit, que d’autres que nous vivrons demain…