"Être soi même" est sans doute un peu plus difficile (ou moins aisé) pour une femme que pour un homme... Parce que nous vivons en ce monde, dans des civilisations où l'homme domine, même si la femme est considérée et si elle devient "en principe" l'égale de l'homme...

Pour ma part, je déplore cet "ordre des choses" aussi ancien que les premiers temps de l'humanité, et qui semble "couler de source" (et qui arrange bien les hommes)...

Rares ou sporadiques et sans continuité significative dans le temps, ont été les sociétés de type matriarcal, où la femme détenait pouvoir et autorité... Mais cela ne veut pas dire que ces sociétés étaient "meilleures"...

Cet "ordre des choses" aujourd'hui encore et depuis toujours, s'impose dans le monde sous toutes les latitudes et dans toutes les cultures... À tel point qu'une femme, plus qu'un homme, lorsqu'elle réussit quelque chose dans sa vie alors que personne n'y croyait dans son entourage et que ses aspirations et ses efforts étaient jugés vains voire inopportuns par rapport à sa condition sociale et de femme, c'est toujours une grande surprise et enfin l'on cesse de la critiquer ou de la déconsidérer... Mais cela ne veut pas dire pour autant que cette femme soit davantage aimée de ses proches ou plus appréciée de ses connaissances ni mieux considérée en demeurant fidèle à elle-même...

Comme je dis "la vie n'est pas un conte de fées" ! Et il y a cette inclination généralisée de la plupart des êtres humains à être plus souvent "autre chose que soi-même", c'est à dire "un personnage qui ressemble à un personnage dont on se fait un modèle"...

... Être soi-même... et rien d'autre que soi-même dans toute la vérité brute, intérieure et même d'apparence réelle de soi-même... est l'une de mes principales préoccupations dans ma vie depuis mon enfance... (J'aurais donc été, au théâtre ou au cinéma, sans doute un mauvais comédien... ou alors un comédien très proche, vraiment très proche de l'être que je suis...mais dans ce cas, je me serais très bien joué... )

Le fait d'accepter d'être reconnu et même de souhaiter être reconnu tel que je suis au vrai en étant présent sur le Net (blog, site, forums, Facebook, Netlog) et autrement donc, que par un "avatar" c'est à dire par des photos et images de moi avec mes textes et articles, m'oblige ainsi en quelque sorte, à "tuer" ou enterrer ce personnage en moi qui me décrébilise... soit ce personnage "épidermique" qui par exemple fait un "bras d'honneur" lors d'une situation sensible, imprévue et subie...

J'imagine cette réflexion d'un de mes lecteurs que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam, et qui me reconnaitrait et me voyait faire "un bras d'honneur" dans une telle situation : "oh, mais c'est celui qui a écrit ceci ou cela et qu'on a aimé lire, et voyez comment il se comporte dans la réalité" !

Donc, plus de bras d'honneur... enfin, presque ! Mais du regard, du visage, et du sourire... (Ma mère savait si bien faire...)

De toute manière si je devais devenir muet et les deux mains coupées, et que je sois très maladroit pour écrire avec le pied, il me faudrait bien faire de l'écriture avec mes yeux... Et j'y arriverais...

... Par les barreaux serrés et gros comme des cigares de Jacques Dutronc, je voyais passer ces visages dans la rue proche du grand mur de ma prison. Et je savais que je ne pouvais être aucun de ces visages, même si je les avais aimés à en mourir, même si je les avais tous connus chacun d'entre eux comme l'intérieur de la poche de mon pantalon, comme ce mouchoir mouillé que dans ma poche je pétris de mes doigts, comme cette turgescence que je sens et qui gonfle ma poche...

Mais en plus des barreaux serrés et gros comme des cigares de Jacques Dutronc, il y avait aussi du verre, du verre épais entre les barreaux...

C'était moi dans cette prison, tout seul bien que tout empli de tous ces visages qui passaient dans la rue proche de la prison...

Je me révoltais et tambourinais contre la paroi de verre entre les gros barreaux, mais seuls, des regards et des sourires parfois, venaient me toucher... Alors je demeurais sans cesse debout et mon visage collé aux barreaux...

Un jour, je m'envolerai...Et je viendrai battre de mes ailes dans les prisons, toutes les prisons...