Un auteur peut-il produire, s'il n'est pas romancier, de "bons" romans ?

Je ne pense pas que l'on puisse donner une réponse "catégorique" dans un sens ou un autre, à cette question.

Il me semble que, pour écrire un roman, il faut avoir déjà le sens de la trame, de l'intrigue ; de la composition, de la structure, d'une certaine "logique narrative"... Avoir la capacité de concevoir un récit, une histoire, avec des personnages, des situations, des dialogues, et sans doute comme dans un film, un scénario.

Même pour un roman "médiocre", tant sur le plan de la forme que du fond, il me semble qu'il faut en effet, tout cela, tout ce qui porte à dire "c'est un roman"...

Ce sont là toutes les raisons pour lesquelles je me pose cette question " un auteur qui n'est pas romancier, peut-il produire un ou des romans ?"

Et cette question subsidiaire : "si un auteur n'est pas un romancier, alors qu'est-il, et comment peut-on le définir ?"

Et que dire alors, de l'un ou l'autre de ces écrivains qui, peu porté naturellement à produire un roman, s'essaye à en produire un, tout de même ?

Ne qualifie-t-on pas parfois, de roman, une oeuvre qui n'est pas un roman ?

Il semble toujours aussi commun, aussi habituel, tant pour les éditeurs que dans les milieux littéraires, d'opérer cette classification que je qualifierais de "clinique" : roman, essai, récit, fiction, fantazy( notez le terme Anglo-saxon), recueil, nouvelle...

Classification à partir de laquelle les éditeurs définissent des "politiques éditoriales", des catalogues d'ouvrages, des collections... Ce qui contribue l'on s'en doute, à des choix de publication, et donc à une élimination pure et simple de tout ouvrage n'entrant pas dans une politique éditoriale, dans un "genre", dans une collection, dans une classification "clinique"...

Le livre numérique ou l'édition dite "en ligne", le développement inéluctable de la littérature sur le Net, ne vont-ils pas "bouleverser la donne" et ouvrir un paysage culturel différent de celui qui prévalait (et prévaut encore d'ailleurs) ?

Et la différence ne tiendra-t-elle pas du fait (que l'on constate déjà)... Que les genres, roman, essai, ou autres... s'interpénètrent, se fragmentent, et tendent à devenir des oeuvres que l'on ne pourra que difficilement appréhender dans leur ensemble, parce qu'elles s'ouvriront au visiteur, au lecteur ou au "consultant", en petites fenêtres (telles par exemple que ces "mots clés" ou titres ou intitulés, apparaissant sur les moteurs de recherche) ?

Dans le paysage culturel qui prévaut encore (et ne disparaitra en fait jamais), celui des librairies, des bibliothèques, des éditeurs classiques, des salons du livre et des manifestations ou rencontres littéraires, tout cela relayé par la presse, la radio et la télévision et, il faut le dire aussi, par le Net... Le lecteur, le visiteur, est alors une personne qui choisit (tout en "glanant" et recherchant cependant)...

Dans le paysage culturel tel qu'il s'ouvre sur la Toile, le lecteur ou le visiteur alors, est une personne qui aussi, choisit... Mais qui "subit" en même temps ces "petites fenêtres" qui s'ouvrent, ou qui, par une recherche spécifique et précise sur le sujet ou le thème qui l'intéresse, "tombe sur la petite fenêtre qui s'ouvre" (que la personne n'avait pas prévu que cette petite fenêtre là puisse s'ouvrir)... Et le choix initial se trouvant donc orienté, il découlera de ce choix – peut-être- un désir d'aperçu, sinon de connaissance...

Et c'est bien là que réside la différence entre les deux paysages culturels, le "classique" et le "nouveau" (le "nouveau", dans le quel règnent l'immédiateté et l'accessibilité sans déplacement physique)...