La mondialisation devrait être à mon avis, comme une mosaïque de peuples et de nations coexistant en symbiose... Ou du moins autant qu'il est possible, en symbiose...

Mais la mondialisation est plutôt une lamination des peuples et des nations, un nivellement des cultures et des modes de vie....

Je ne pense pas que l'idée de nation et d' identité culturelle, politique et sociétale, implique systématiquement repli et crispation sur des valeurs propres à une nation...

Autrefois après tout, dans le monde des 17 ème, 18 ème et 19 ème siècles, au temps du monde des nations, il y avait bien des échanges, des marchés, et les gens se déplaçaient – certes moins vite qu'aujourd'hui- mais enfin ils communiquaient, se connaissaient !

L'idée de nation ne devient une idée « dangereuse » que lorsqu'une nation en particulier, a pour ambition et pour objectif d'en dominer une autre, ou d'accroitre son influence sur les autres nations, par la force, par la guerre ou par la conquête...

L'idée de nation me semble « une belle idée » (et utile) lorsqu'une nation en particulier, a pour ambition et pour objectif de donner aux autres nations le meilleur d'elle même...

Il en est de même pour une nation toute entière, pour un peuple dans son ensemble... Que pour une personne unique, une famille, une ville, un quartier, une région...

Le meilleur de soi-même, le meilleur d'un peuple, d'un pays ou d'une culture, ne s'impose pas mais s'offre... S'offre je dis bien, plus qu'il ne se propose même! Car proposer c'est déjà commencer d'imposer...

La « vraie » mondialisation devrait avoir l'apparence à mon sens, d' une mosaïque composée de milliers de pièces de céramique de toutes formes et de toutes couleurs et nuances de couleur formant un ensemble où chaque pièce est indispensable pour que l'ensemble tienne et ne se désagrège point...

... Cette image d'une mosaïque est cependant une image incomplète... En effet, une mosaïque est une surface plane et immobile... Or, les nations ici, symbolisées par des pièces de céramique de toutes formes et de toutes couleurs, ont des peuples, et les peuples se déplacent...

Les peuples d'ailleurs, de tous temps se sont toujours déplacé... La migration est une réalité naturelle, les oiseaux migrent, les animaux migrent et les gens aussi, d'un pays à l'autre, d'une région à l'autre...

Il y a le déplacement forcé par la misère, l'insécurité (l'on se déplace alors pour "sauver sa peau") ; il y a le déplacement climatique lorsque les conditions environnementales rendent l'existence précaire et difficile voire impossible par suite d'une catastrophe naturelle...

Il y a aussi le déplacement volontaire, lié à l'activité exercée par les personnes et nécessitant une implantation temporaire ou définitive en un lieu différent de celui d'origine...

La question actuelle et qui fait débat, sur les "flux migratoires" est certes bien plus complexe qu'elle ne l'était encore voici quelques dizaines d'années. Car l'essentiel des "flux migratoires" aujourd'hui s'effectue vers les villes, les plus grandes villes, partout dans le monde...

Les flux migratoires deviennent forcément plus importants d'autant plus que la différence de développement économique, technologique et industriel, s'accroit entre des régions du monde.

Mais ce qui se passe actuellement dans les pays, du moins en certains pays du monde développé, peut être comparé à un moteur qui se grippe mais dans lequel continue d'arriver du carburant... Ainsi des milliers de gens venus parfois de très loin, passent des frontières avec cette vision en eux, de quelque "terre promise" où vivre et travailler devient possible et donc accessible à tous... Ce qui se révèle en partie vrai mais dans des conditions de relation humaine difficiles et dégradées, et toujours pour le profit d'une minorité sans cesse plus enrichie... Ce qui accentue le "nivellement par le bas" des modes de vie et de consommation, des peuples d'ici et d'ailleurs, et des cultures...

Disons que la mosaïque alors, est une mosaïque "vivante" de nations qui demeurent des nations avec des peuples composant chacune de ces nations, mais toutes prises dans le tourbillon, ou en vérité dans le courant perturbé et violent – et précaire - d'une mondialisation qui lamine et nivelle, brise les relations, isole les personnes. Et les personnes deviennent des "individus"... Les nations elles-mêmes deviennent des identités indéfinissables.