Avant d'avoir voyagé en de nombreux pays...

Avant d'avoir vu les Andes, l' Himalaya, la Terre de Feu, l' Australie ou la Nouvelle-Zélande...

Avant d'avoir acquis une connaissance phénoménale...

Avant de posséder une belle maison, une belle voiture...

Avant d'avoir un bon métier, avant d'être " bien vu " et d'être un personnage reconnu dans le monde...

Avant d'être " Monsieur ou Madame quelque chose"...

Avant tout ce que l'on a pu réaliser sur cette Terre, avant d'avoir édifié, inventé...

Avant d' avoir rayonné comme une étoile ou comme une galaxie...

Avant de s'être demandé si la vie avait un sens ou non, avant d'avoir sondé les abîmes de l' absurdité ou escaladé les sommets de la raison...

Avant toutes ces certitudes qui nous rassurent, avant d'avoir trouvé sa place, son soleil, ses repères, sa foi, son identité, avant d'avoir fait mieux, comme ou pire que les Autres, oui, avant tout cela...

... La vie est essentiellement faite de tous les gens que l'on a aimés, que l'on aime, et que l'on aimera...

De tous ces visages que l'on a rencontrés ou avec lesquels on vit aujourd'hui...

Tous ces visages qui nous ont permis de reconnaître, d’effleurer des souvenirs...

Quelque chose d'ici ou d' ailleurs, d'autrefois, de maintenant et de demain, et qui nous relie ne fût-ce qu'un instant, comme un fil invisible, ensemble, et pour toujours...

Ces visages sont toujours plus beaux que les plus beaux paysages du monde, toujours plus riches que toutes les fortunes...

Et ces visages-là, même si nous ne savons rien d’eux, même s'ils passent dans notre vie, un matin, un soir, un jour, une nuit, aussi vite qu'un oiseau sur une branche ou qu'un papillon d'une fleur à l'autre, feront trace à jamais...

Si notre mémoire même, les retrouve imaginés dans un paysage qu'avec eux nous n'avons plus traversé et que nous avons essayé de dessiner en rêve, ces visages n'en sont pas moins demeurés tels qu'ils furent...

Et quand on a la chance d'avoir, pour quelques années ou tout au moins pour une certaine durée, ces visages dans notre vie de tous les jours, en des moments particuliers et privilégiés, il arrive que le temps semble s'arrêter et alors on se sent intimement relié, en ces moments là si privilégiés, aux êtres qui nous entourent, et l'on perd cette conscience tragique et habituelle de la brièveté de la vie, l'on éprouve une sensation de sécurité et de sérénité absolus...

Les maisons et les voitures ont des vitres. Sauf quand il pleut, les maisons et les voitures ne pleurent jamais. Par contre les gens eux, ont des yeux et il leur arrive de pleurer. Mais aussi de rire heureusement.

Les maisons, sauf celles qui tombent en ruines et les voitures tant qu'elles ne vont pas à la casse, durent plus longtemps que les gens qui les possédaient juste avant de mourir...

Et lorsque les gens sont morts, on se demande souvent ce que vont devenir les maisons et les voitures : qui les habitera, qui roulera dedans ? Qui et plutôt qui que qui ?