La violence des événements, la beauté ou la laideur et la cruauté du monde, sont des "matériaux premiers" pour l'écriture...

Ces matériaux sont difficiles à travailler.

Ils ont une dureté que les meilleurs outils ne peuvent qu'à peine entamer.

Ils sont d'une si grande diversité qu'il faudrait sans cesse de nouveaux outils pour les travailler.

Il n'y a peut-être que le regard, un regard porté à incandescence et pénétrant à l'intérieur des matériaux, pour suppléer aux meilleurs outils.

Travaillés par le regard, les événements, la beauté, la laideur, la cruauté, l'étrangeté, l'absurdité du monde ; et tout ce qu'il y a d'indicible, de "peut-être vrai", de folie ou de raison dans le monde... Tout cela peu à peu prend forme.

Et par la forme, même par la forme inachevée, toute la brutalité qu'il y a dans la beauté ou dans la laideur ou dans l'étrangeté ou dans la dureté du matériau, disparaît sous la pression du doigt...