Je déteste ces jeunes de la “droite décomplexée” (à dire vrai ces jeunes et moins jeunes jusqu'aux environs de 40 ans)... Et ces mêmes jeunes de la “gauche bobo” ou encore tous ces autres jeunes “qui se foutent de la politique sans vraie réflexion et ne pensent, n'agissent que pour leurs intérêts personnels”... Diplômés des Grandes Ecoles ou tout simplement “de formation universitaire classique”... ou d'une “vague et superficielle culture générale”... ou de “pas du culture du tout”... Qui piétinent la pensée, la réflexion, la sensibilité et la poésie que j'affectionne, qui voudraient “voir crever la gueule ouverte” des gens tels que moi, qui sont à l'égard de ces gens sensibles et d'un regard “autre” sur le monde, d'une condescendance méprisante... Oui je déteste cette “droite décomplexée” arrogante, bardée de certitudes confortables, friquée, qui roule en belles bagnoles “dernier modèle”, passe huit ou quinze jours de vacances aux Bahamas ou aux Seychelles, affectionne les sports de compète nécessitant des équipements coûteux, et qui dès que tu dis trois mots de trop pour expliquer quelque chose, te largue un “accouche !”d'une voix cinglante...

Et je déteste tout autant ces “vieux” (quadra et quinqua et sexa génaires ou plus vieux encore) qui, de “droite décomplexée” ou de “gauche bobo”, ou du Front National ou d'autres “bords” identitaires et sectaires, racistes, xénophobes... Genre belles baraques, mêmes vacances que les plus jeunes dans des pays tropicaux de rêve grands hôtels complexes touristiques... Oui je déteste toute cette population “droite décomplexée” ou “gauche bobo” ou se disant apolitique, qui veut surtout pas lâcher un iota de son confort, de ses sous (souvent dans des placements financiers en banque), qui veut rien céder de ses privilèges (à partir d'un certain niveau, exorbitants et d'une insolence abjecte), qui geule comme des veaux quand les trains et les métros et les avions ne marchent plus, qui tape sur les jeunes des cités, sur les chômeurs et les “assistés”, qui barde ses résidences de clôtures voire de murs, a autour de sa maison un toutou féroce ... S'enterre à l'église même si le bon dieu n'est plus qu'une habitude... Et j'en passe et j'en passe... J'en passe à me faire écrabouiller de sourires condescendants ou d'insultes ou de toutes sortes de violences par tous les représentants de cette population que je déteste... Et au milieu de laquelle je ne puis qu'opposer une forme profonde d'autisme ou de silence... ou parfoisd'insolence brutale et de révolte ouverte...

À défaut d'être un délinquant de la pire violence, de jeter des coktails molotov, de péter des nains de jardin ou des vitrines de banque, de détourner des bateaux de croisière ou de séquestrer jusqu'à ce qu'ils en crèvent, des barons-actionnaires de fonds spéculatifs... Je suis un délinquant en écriture en me disant au fond de moi, d'une lucide et froide et impitoyable détermination... Que la pensée vaut l'action, et que j'écris ce que je ferais si je le pouvais sans que personne ne puisse m'arrêter, m'enfermer ou me tuer...

Et je déteste aussi tous ces prédateurs et voyoux petits et gros, qui n'ont entre eux que des liens d'intérêt, qui se comportent tels des animaux (avec en plus, ce qu'il y a de pire dans l'espèce humaine) et qui eux, se foutent que tu sois riche ou pauvre, poète ou écrivain, se foutent de ta pensée, de ton regard sur le monde, de la vie autant humaine qu'autre, et ne veulent que t'égorger pour te piquer quatre sous... pour boire ou se droguer, et violent femmes et enfants... Ces êtres là, ne seront jamais sensibles à la moindre main tendue, à la moindre communication dans un sens ou dans un autre, et ils valent bien (tout à fait différemment cependant) les “droite décomplexée” et “gauche bobo” friqués/bardés de certitudes confortables, et apolitiques inconsistants soucieux de leurs seuls intérêts...

... Mais j'adore, oui j'adore à en crever de bonheur... Ces jeunes (et moins jeunes) sans doute plus nombreux que ce l'on croit, qui ont eux, de la pensée, de la réflexion, de la poésie, de la sensibilité et de l'humanisme dans leur coeur et dans leur esprit... Et qui, pas forcément par leur milieu familial ou l'éducation qu'ils ont reçue, sont ces êtres “comme venus du fond des âges” qui ont toujours existé et existeront toujours... Avec ceux là, dans la compagnie de ceux là, je guéris de mon autisme et ne pense plus à détourner des bateaux de croisière ou à séquestrer des actionnaires de fonds spéculatifs...

Dans un monde sans misère il n'y aurait peut-être pas de “droite décomplexée” arrogante et riche et attachée à ses privilèges et à son patrimoine, ni de “gauche bobo”...

Mais la misère à elle seule n'est pas entièrement responsable de l'existence de tous ces petits et gros prédateurs qui violent et égorgent : elle les rend un peu plus nombreux que s'il n'y avait pas de misère... Car ces êtres là existeront toujours, dans le meilleur des cas en nombre restreint de par le monde, dans le pire des cas en nuées de bêtes de proie et de sang dans un monde terrifiant et cauchemardesque...