En général les gens sont beaucoup plus sûrs de l'ennemour que l'on a pour eux, que de l'amour que l'on a pour eux...

D'un côté ils se fondent une certitude qui leur pourrit la vie, et d'un autre côté il leur vient une incertitude qui entretient leur espérance... Mais dans l'incertitude qu'ils ont, de l'amour que l'on a pour eux, ils passent leur vie à porter des coups sur une enclume ne répercutant que des échos de silence...

Tous ces gens dont on se dit qu'ils ne nous aiment pas, c'est avec insolence ou violence, d'un regard farouche, d'un jugement sans complaisance, que l'on pense à eux et les rayent de notre vie... Ce sont comme des bûchers que l'on allume où l'on ferait brûler des visages de papier à défaut d'y pouvoir brûler des visages réels... À trop approcher ses yeux de ce feu sans cesse entretenu, c'est le paysage tout entier au devant et autour de soi, qui luit en se déformant et devient un territoire étranger, hostile et désert...

Tous ces gens dont on ne sait s'ils nous aiment mais dont nous n'imaginons jamais l'ennemour qu'ils pourraient avoir à notre égard, nous font porter des coups répétés sur une enclume ne renvoyant que des échos de silence mais il y a l'espérance...

Tous ces gens qui nous aiment mais dont nous ne savons pas l'amour aveugles que nous sommes, ce sont comme des feux dont nous n'apercevons jamais les flammes parce que nous sommes dans un paysage qui luit en se déformant et demeure le territoire de nos silences et de nos regards noyés dans un impossible ailleurs...