Je ferai de ma mort selon ce que j'ai ressenti de cette vie que j'aurai traversée...

J'aurai un enterrement “pas comme les autres”... ça vous étonne ?

J'y ai déjà pensé... Dans mon portefeuille, pliée en 4, j'ai une feuille de papier où “l'affaire est consignée”...

Pas d'église, pas de curé, pas de religion...

L'on imagine mal, quand on me connaît, tout ce “putain de tra-la-la”, avec l'eau bénite, l'absoute, et ce “Cela est juste et bon” chanté la larme à l'oeil et avec les carreaux dans les godaces, en imper chic et noir pour les dames, en costard les mecs et avec pendu sous la voûte des soucoupes volantes de chauffage électrique (si je meurs en hiver)...

Moi qui justement, de mon vivant, dans les “Grantenterrements générals”, zieutait avec régal les dames chic...

Et ces “grands pieux” de marbre ou de granit, ces cercueils de beau chêne avec poignées ciselées, et encore le dernier adieu devant la fosse où l'on vient de descendre à la corde le cercueil, et la poignée de terre jetée...

Du fond du trou, scellé à jamais dans ma bulle – non pas de roche – mais de zinc et de bois, je n'aurai pas le loisir – traversé de rêve fou – de zieuter les jolies jambes de ces dames “sur leur 31”...

Non, je ne veux rien, rien de rien de tout cela...

Dans l'immédiateté de l'événement, seuls mes amis littéraires les plus chers, ainsi que mes très/très proches parents et amis, seront prévenus...

Pas d'annonce dans le journal... L'on saura bien assez tôt : trois jours, six mois, un an ou je ne sais combien de temps après...

Le cercueil “de base” : en bois blanc, en “caisse de pauvre”... Pas besoin d'un beau cercueil en chêne, verni, avec des motifs sculptés dessus et des poignées ciselées, pour aller direct à la crémation...

Durant la crémation pas de discours, pas de texte lu ni quelque hommage que ce soit...

Mais sans doute “One day I'll fly away” de Randy Crawford, “L'amitié” de Françoise Hardy, et “Spandau Ballet True”...

Pourquoi “ pas d'annonce dans le journal” ?

C'est que “j'en ai rien à foutre” de ces gens qui, lisant l'avis de décès, et m'ayant peu connu mais surtout méconnu... “se pointeraient” en manifestant quelque soudaine sympathie à mon égard...

Quant à ceux et celles qui, plus tard, ayant appris par ouïe dire que je suis mort, et m'ayant de mon vivant, pourfendu de leurs sarcasmes et bien “condescendé”... et qui alors, “me découvrant”, se mettraient à m'aimer... Eh bien ceux là, celles-là, je leur balance un bras d'honneur et leur dis “vous n'aviez qu'à m'aimer de mon vivant” !

De toute manière, j'encourage mes pourfendeurs à continuer d'ironiser et de m'assassiner : après tout cela aussi est un art, cela aussi c'est de la littérature, cela aussi c'est la liberté d'expression !

Cela dit, quand j'aurai cent ans le 9 janvier 2048, et si je peux encore monter sur un vélo... et “faire de la purée”... Et que j'aurai ce jour là une armée de journalistes autour de moi pour me photographier, m'interwiever... J'en profiterai pour faire de la pub pour mon site et parler de mes écrits... ça c'est bien vrai : avoir cent ans c'est une sacré occase ! C'est pas comme dans une réunion de famille, ou d'amis, ou dans un salon du livre ou sur des forums du Net ou encore dans des assemblées et fêtes d'associations, des festivals d'été ou des halls d'accueil de ciné/café... que tu vas forcément en profiter pour “bomber le torse”, te “mettre en valeur” et mobiliser tout un auditoire !